Du 7 au 30 septembre 2012, la salle d’exposition du Marché Bonsecours accueille la 55e édition du World Press Photo. Pour cet événement, 161 photographies ont été sélectionnées parmi 101 254 images. A travers 5247 photographes, c’est 124 pays qui se font représenter.
Réalisée depuis 2011 par l’organisme Productions Foton, fondé par Matthieu Rytz, Philippe Marchand et Nicolas Dufour-Laperrière, l’exposition montréalaise du World Press Photo propose 161 photographies primées dans neuf catégories thématiques : actualité mondiale, art, nature, sport, portrait et événements de la vie quotidienne.
Le but de la manœuvre est de mettre en exergue le travail de reporter-photographes qui suivent minute par minute l’actualité mondiale dans des conditions très souvent dangereuses. Tous ces artisans de l’information sont au cœur de l’actualité. Ils permettent en outre, dans une certaine mesure, que l’histoire reste gravée dans les annales.
» Nous sommes tellement inondés d’images que nous avons tendance à oublier le travail, le talent, le professionnalisme et le courage de ceux et celles qui font ce travail quotidien de chasseurs d’images dans tous les pays du monde. »
Denis Trudeau, porte-parole de l’édition 2012
Montréal fait partie comme près de 100 autres villes à travers le monde de l’exposition itinérante. Au Canada, Ottawa, Toronto et Chicoutimi sont les autres villes à figurer dans la tournée internationale 2012.
Autant dire que l’année 2011 fut une année bien remplie pour ces hommes et ces femmes. Le printemps arabe a en effet secoué l’ordre social dans plusieurs pays. Rébellion, sang et changements se sont donné rendez-vous sous les objectifs de ces journalistes.
C’est le cas de la photographie de Samuel Aranda qui trône à l’entrée de l’exposition. Il s’agit de la photo lauréate de l’année. L’image de l’Espagnol fut publiée dans The New York Times. Une mère, Fatima al Qaws, console son fils Saïd, 18 ans, blessé durant des affrontements à Sanaa au Yémen le 15 octobre.
La poésie s’est invitée dans ce cliché sans même crier gare. Ni la guerre, ni la burqa qui enveloppe cette mère ne parviennent à détruire l’amour maternel. Ses gants apportent une touche angélique dans leur enlacement. Cette femme, bien que sans identité puisque sans visage, est l’égal de toutes les autres femmes face à ce genre de drame.
Tout le monde se souvient de la vidéo dans laquelle le corps de Mouammar Kadhafi fut exhibé. Mais en offrant un cliché de cet instant-clef, le Français Rémi Ochlik propose une nouvelle façon de vivre l’événement du 21 octobre dans une chambre froide des faubourgs de Misrata.
« Ce jeune et talentueux photojournaliste français Rémi Ochlik [a été] tué cet hiver lors des combats en Syrie à l’âge de 28 ans, indique d’ailleurs le porte-parole Denis Trudeau.
Ochlik avait mérité plusieurs prix internationaux et était classé parmi les plus grands talents de la nouvelle génération de photojournalistes. Sa photo Battle for Lybia a remporté le 1er prix dans la catégorie Images de l’actualité générale pour l’édition 2012 du World Press Photo et est exposée à Montréal avec d’autres œuvres choisies parmi la crème du photojournalisme mondial. »
Les clichés des conflits en Libye, Égypte (Jan Dago, Mohammed al-Law) et bien d’autres pays envahissent les murs de la salle d’exposition. Bien que pour certaines, les scènes soient très connues et ont traversées les frontières par le biais de la télévision et internet, les revoir dans ce contexte ne laisse pas indifférent.
Le jury a notamment offert une mention spéciale à une capture d’image d’une vidéo montrant Mouammar Kadhafi, en train d’être hissé sur un véhicule militaire par un combattant du Conseil national de transition libyen à Syrte le 20 octobre.
L’une des images les plus poignantes de cette exposition est sans doute celle de l’Afghan Massoud Hossaïni. Il a emporté le 2e prix Spots d’information photos isolées avec une photo de blessés et de morts après un attentat suicide le 7 décembre à Kaboul. L’amoncellement de corps, principalement des enfants, laisse les spectateurs sans voix et bien sûr incite à la réflexion.
En plus de l’exposition itinérante, l’organisme Productions Foton propose deux autres expos : Rouge 2 : photojournalisme citoyen et professionnel sur le mouvement étudiant au Québec et AnthropoGraphia, des photoreportages sur les droits humains.
World Press Photo : 7 au 30 septembre 2012 – Tous les jours, de 10h à 22h – 12$ (Général), 8$ (Etudiant), Gratuit (-12ans), Marché Bonsecours – 325, rue de la Commune Est Vieux Montréal
Photo de Johnny Haglund : Kisangani, RDC