Au Rwanda, les membres des réseaux sociaux comme Facebook, surtout des jeunes, jouent diversement de la convivialité et des regroupements qu’ils permettent. Ils y retrouvent des amis perdus de vue, s’entraident, créent des groupes caritatifs, se mobilisent lors de votes récréatifs, envoient leurs réactions aux radios…
Lorsque ce jeune étudiant de l’Institut pédagogique de Kigali meurt dans un hôpital de la capitale rwandaise, tout le groupe auquel il appartenait sur Facebook, le plus grand réseau social sur Internet, s’est mobilisé. En sa mémoire, des T-shirts blancs à son effigie ont été faits par les membres du groupe. Ils ont aussi été actifs lors des cérémonies de funérailles comme durant les jours de deuil, les uns passant la journée dans sa famille, les autres la nuit.
?C’est notre devoir de rester unis dans le bonheur ou dans le malheur. C’est aussi une occasion de montrer que ce que nous faisons n’est pas un simple passe-temps comme le croient certains?, disent les membres du groupe qui affirment s’être rencontrés sur Facebook en tant qu’anciens collègues ou amis.
De nombreuses personnes utilisent ce réseau social pour retrouver de vieilles connaissances.
?Nous étions séparés depuis l’école primaire, parfois depuis plus de dix ans. Grâce aux retrouvailles sur ce réseau, nous avons décidé de nous rencontrer à Kigali. Actuellement, nous échangeons de nos nouvelles régulièrement?, dit Grâce, membre de cette équipe.
Sur Facebook, chacun peut en effet s’inscrire, publier des informations personnelles et créer des pages sur des institutions ou pour défendre des causes qui peuvent être vues par tous. Plus de 500 millions de personnes l’utilisent de par le monde.
S’amuser et aider
Utilisés surtout par les jeunes, Facebook sert aussi à les mobiliser lors de grandes occasions. Au moment du vote pour élire miss Rwanda en août dernier, ils étaient nombreux à élire leur préférée et à exhorter leurs amis à voter pour elle. De même pendant le vote pour l’artiste super star organisé par une entreprise de brasseries et limonaderies, nombreux étaient les jeunes à inciter les autres à voter (par SMS ou en ligne) ou à montrer que leur candidat était le plus performant.
D’autres se mobilisent sur des sujets plus sérieux. Certains plaident pour la cause des démunis ou pour des malades sans assistance. Ainsi Wake up Children Foundation (WCF), une association créée en juillet dernier par différents groupes présents sur Facebook, visite depuis trois mois les malades sans assistance du Centre hospitalier universitaire de Kigali : ?Outre la distribution de vêtements et de produits alimentaires, nous avons payé aussi dix cartes de mutuelles de santé pour les pauvres et nous comptons élargir nos activités aux personnes sans assistance au fur et à mesure des années et selon les moyens disponibles?, explique Uwamwezi Papine Denyse, vice-présidente de WCF, qui affirme qu’ils ne cherchent des ressources qu’au sein de leurs groupes.
Certains posent des questions, d’autres réagissent et on leur répond directement. En effet, pour ceux qui ont un ordinateur portable ou dont le téléphone est connecté à Internet, le coût des messages est très inférieur à celui des SMS (au minimum 65 Frw, 0,10 $ et plus si la question ou le texte est long).
Inconscience et dérapages
D’autres ne font que mettre leurs photos et celles de leurs familles sur ce réseau social. ?Ces réseaux sont publics et toute publication que l’on y met peut être exploitée par n’importe quelle personne à des fins bonnes ou mauvaises?, met cependant en garde Alan Robles, journaliste formateur à l’Institut international de journalisme (IIJ) en Allemagne. Les services de renseignements, les terroristes, etc. peuvent ainsi les utiliser à la recherche de leurs ?ennemis?, ajoute-t-il.
Certains vont plus loin et se font passer pour des filles avec de belles photos pour inciter les gens à les inviter où à réagir. D’autres mettent des photos de femmes nues, ou des images pornographiques pouvant causer de graves problèmes à celles ainsi exposées au regard de millions de gens.
Pourtant, il y a moyen, explique Nea Matzen professeur et journaliste allemande, auteur de ?Online journalismus?, d’utiliser ces réseaux pour se cultiver et faire des recherches : ?Ce sont des bibliothèques vivantes où on peut suivre de façon intéressante quelqu’un sur Twitter et arriver à avoir accès à ses différents travaux. De même sur Facebook, avec la pluralité des amis possibles, il faudrait dépasser le niveau de la simple conversation et en profiter pour s’enrichir, se documenter en s’ouvrant des horizons. »
Par Fulgence Niyonagize