Le secteur de l’immobilier est en plein boom. Du coup, les affaires tournent à plein régime pour les exploitants de graviers et moellons, les transporteurs, les exploitants des bois, les menuisiers, les maçons, les quincailleries. Tous y trouvent leur compte… seul l’environnement dégradé par les carrières en pâtit.
Depuis trois ans, l’ouverture de la ville de Kisangani au marché de l’Est a relancé le secteur immobilier. De maisons sortent de terre dans tous les quartiers. Même les moins nantis s’efforcent de construire une petite maison. Des investisseurs nationaux et étrangers bâtissent des hôtels, des particuliers leurs maisons d’habitation. Les fournisseurs des moellons, sable, graviers font de bonnes affaires.
Des carrières d’exploitation naissent ou sont relancées dans tous les coins de la ville. La réhabilitation de la voirie urbaine, des écoles,…. dans le cadre de 5 chantiers (programme du gouvernement) accentue la demande en matériaux de construction.
Chaque jour, plusieurs dizaines de camions bennes prennent d’assaut les différents sites d’exploitation pour ravitailler les chantiers de construction. “Nous recevons plus de cinq camions par jour qui viennent acheter des graviers, limonites ou sable”, témoigne un exploitant.
Les commandes sont souvent de 5 m3 minimum. Un m3 de sable coûte 4 $, de gravier 8 $ et de moellons 10 $. Certains constructeurs achètent en avance la production d’une carrière pendant un ou deux mois.
“J’ai un contrat pour fournir 300 m3 des sables à un chantier sur la route Bangboka”, précise Freddy exploitant. Casser les pierres pour avoir les moellons n’est pas de tout repos. Les jeunes gens doivent, à l’aide de gros marteaux, casser des grosses pierres. “Nos mains sont devenues très dures comme des roches. Nous extrayons 10 m3 par jour pour faire face à la demande”, témoigne Vicky, un jeune creuseur de 17 ans.
Sous un soleil accablant, des jeunes (communément appelés boulonneurs) torses nus, et fort motivés, creusent et lavent sans relâche les limonites. Mais cette exploitationeffrénée a son revers. L’environnement en pâtit durement. Ainsi une carrière située à Simi-simi, a creusé de grands ravins, des palmiers et arbustes ont été coupés. Au Pk 8 sur la route Simi-Simi, on dirait que la zone a été ravagée par des éléphants. Là, deux carrières sont exploitées et plus aucun arbre n’est visible. Tous sont àterre. “A force de creuser, le sol se fragilise les arbres et palmiers cèdent d’eux-mêmes”, témoigne un creuseur.
Transporteurs, maçons, quincailleries,… en nombre
Les transporteurs également se frottent les mains. Ils sont payés entre 35 et 50 $, la course pour acheminer ces matériaux à destination. Ils sont ainsi nombreux à avoir acheté des camions bennes de marque Fuso pour se lancer dans ce transport lucratif.
L’autre secteur corollaire en ébullition est celui des quincailleries. Bêches, houes, fils électriques, loquets, peintures,….sont prisés. Et ces magasins naissent dans tous les coins. Les exploitants des bois et les menuisiers sont également à l’affût de ce marché. Les ingénieurs et surtout les jeunes maçons et autres ouvriers qui touchent de 3 à 5 $ par jour sont toujours à l’affût de nouveaux chantiers. Même le nombre d’étudiants à l’Institut du bâtiment et travaux publics (IBTP), qui jadis n’attirait pas les jeunes, est en hausse.
Par Christian Uzilo