À l’occasion de la 41e édition du Festival du Nouveau Cinéma de Montréal, le cinéaste Rachid Djaïdani a présenté son premier film, Rengaine, qui a obtenu le dernier Prix Michel D’Ornano à Deauville et le Prix Fipresci des sections parallèles au dernier Festival de Cannes. Le film a été également sélectionné pour la 29e édition du Festival Vues d’Afrique.
Sabrina et Dorcy s’aiment et veulent se marier. Le jeune couple a beaucoup de choses en commun. Tous deux artistes dans l’âme aspirent à s’épanouir à travers leur art : ce sera la musique pour elle et le cinéma pour lui.
Oui, mais voilà, Sabrina est d’origine algérienne et Dorcy d’Afrique subsaharienne. C’est ainsi que durant 75 minutes, l’islam et le christianisme naviguent main dans la main dans les eaux troubles de l’intolérance.
Slimane, l’un des 40 frères de Sabrina, est contre cette union. C’est à travers son regard sur la ville et son errance dans les rues parisiennes que le spectateur découvre la fameuse rengaine distillée depuis tant d’années dans les cités de France : pas de mixité possible, chacun à sa place.
Les choses ne sont pas si simples que ça. Et si Slimane, à travers cette chasse à l’homme dans la capitale, n’était-il pas tout simplement en pleine quête identitaire?
Contre toute attente, ce Roméo et Juliette des temps modernes n’a rien de larmoyant. Entre suspens et tension, l’humour a su se faire une petite place. Pas de misérabilisme en vue, juste une photographie d’une société à un instant T.
Le réalisateur Rachid Djaïdani nous emporte dans un monde à la fois si familier et tellement inattendu à la fois. Lorsque l’on sait qu’il est lui-même algéro-soudanais, l’analogie est ici très tentante. Cependant, hormis cette similitude, rien ne permet de classer Rengaine dans la catégorie de ces nombreuses autofictions.
Il aura fallu neuf ans et deux ans de montage au cinéaste, ancien assistant-régie sur La Haine de Mathieu Kassovitz, pour finaliser son film. On ressent d’ailleurs l’influence que cette expérience cinématographique a eue sur son travail.
Rengaine est récipiendaire du Prix Fipresci des sections parallèles au dernier Festival de Cannes et Prix Lune d’or au dernier Festival international du film indépendant de Bordeaux.