Dans son album, Blue Menessen, le chanteur camerounais Roland Tchakounté laisse s’exprimer son talent de bluesman, et ce, assez rarement pour qu’il soit digne de mention, dans sa langue maternelle, le bagante, dialecte de l’ouest du Cameroun.
L’opus s’ouvre sur la pièce titre, Blues Menessen, et très vite les mélomanes originaires de ce pays de l’Afrique central n’auront aucun mal à faire des liens avec un grand de la scène musicale camerounaise, Pierre Didy Tchakounté.
Empruntant dans l’essence du blues, riff de guitare en appuie, picorant dans le soukous régional (soukous blues), mais également dans les styles de son village (A tcham), Roland Tchakounté, fort d’une expérience de bassiste chanteur dans différentes formations au Cameroun, s’offre un opus intimiste avec 12 titres assez équilibrés, après les précédents albums comme bred bouh shuga blues, Abango ou Waka.
Certains curieux voudront comprendre la signification des mots lancés par le chanteur, mais les autres, avisés et affûtés, se laisseront simplement convaincre par le tempo imposé par Roland Tchakounté. Et pour cause, s’il admire les artistes comme Sun House, Robert Johnson, Edmore James, Muddy Waters, il considère toutefois John Lee Hooker et Ali Farka Touré comme ses vrais maîtres.
Les sensuelle et mélodiques Sweet melody, Yingue rappelleront ces titres, façon New Orléans, qui fascinent tant d’Africains, adeptes de blues américain.
Sur la superbe pièce Chundzela, Roland Tchakounté propose un mariage à trois entre Europe, Afrique de l’Ouest et Méditerranée.
L’album Blues menessen s’écoute bien et se laisse apprécier facilement, aussi bien à la première tentative que toutes les autres fois. Pour le chanteur camerounais, «utopique revendiqué», cette musique qu’il qualifie de «mélodie sauvage», sert à «aborder des sentiments souvent tristes ou joyeux, mais aussi à exprimer l’état d’abandon dans lequel est plongé le continent africain.»