Le bonheur conjugal de Tahar Ben Jelloun

Dans Le bonheur conjugal, son dernier ouvrage, paru en aout dernier aux Éditions Gallimard, l’écrivain franco-marocain, Tahar Ben Jelloun, s’attaque à l’institution du mariage.

Foulane et Amina sont mariés depuis plus de 20 ans, et comme beaucoup de couples, Marocains et d’ailleurs, ils se sont aimés, mais ont ensuite appris à se détester. Foulane est un peintre Casablancais au sommet de sa gloire. Un beau jour, il se retrouve cloué dans un fauteuil roulant, paralysé par une attaque cérébrale. «Sa carrière est brisée et sa vie brillante, faite d’expositions, de voyages et de liberté, foudroyée».

Les lecteurs perspicaces devineront que le titre n’est qu’un des nombreux leurres de cet ouvrage de la collection blanche de la Maison Gallimard. En réalité, Ben Jelloun aurait pu le titrer, les malheurs conjugaux, tellement il n’hésite pas à déconstruire à sa manière l’institution qu’est le mariage : amitié, amour, fidélité, séduction, sensualité, sexualité, etc.

L’écrivain, membre de l’Académie Goncourt, n’invente pourtant rien. Tant d’autres auteurs avant lui ont décapité l’idée du bonheur conjugal.

Dans son propos, l’auteur se risque à une certaine pédagogie. Il fait pourtant le pari de prendre parti pour la femme. Ensuite Il démontre dans une mise en scène, finement menée, que dans chaque histoire d’amour ou de haine, Il y a toujours deux côtés de la médaille. On devine que selon lui, celui de l’homme a toujours primé.

Pour se débarrasser une fois pour toutes de ce biais, Il oppose, mais dans un deuxième temps, l’argumentaire de la femme à la plaidoirie victimaire de l’homme. Rares sont ceux, qui ne se laisseront pas avoir.

Si la fin de ce 46e livre donne l’impression d’un dédouanement a posteriori des 256 premières pages, dans lequel l’homme, ici le peintre, est décrit comme un loup pour la femme,, il est à noter que le style simple et direct facilite la lecture, malgré plusieurs embûches.

Né au Maroc en 1944, Tahar Ben Jelloun a repris son bâton de romancier, après plusieurs actes adultérins avec l’essai et le journalisme. Mais pour l’essentiel, son propos dénonciateur et inquisiteur reste le même, celui d’un homme épris de justice, et ce, à tous les prix, quitte à s’attaquer au monde auquel il appartient, celui des hommes.

Tahar Ben Jelloun a obtenu le Prix Goncourt en 1987 avec son livre La Nuit Sacrée, paru aux éditions Seuil. Avec son dernier essai, L’étincelle. Révolte dans les pays arabes, il a obtenu le Prix de la paix Erich-Maria Remarque. Avec Gallimard, il a écrit de nombreux ouvrages parmi lesquels PartirSur ma mère, Au pays, Jean Genet, menteur sublime, Par le feu, Que la blessure se ferme.

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