La Fondation Club Avenir a présenté, le 3 novembre dernier, au Gesu de Montréal, son Gala d’excellence en présence de plus de 400 membres de la communauté algérienne, maghrébine ainsi que des personnalités publiques.
Parmi les invités, on notait la présence de la nouvelle ministre de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec, Diane de Courcy, l’ambassadeur d’Algérie au Canada, Smaïl Benamara, Djaouida Sellah, Groguhé Saïda et Brahmi Tarik, tous trois députés fédéraux d’origine algérienne; Gérard Deltell, député et leader parlementaire de Coalition Avenir Québec, et Fatima Houda-Pépin députée libérale et première vice-présidente de l’Assemblée nationale du Québec.
Au cours de la soirée, plusieurs prix ont été remis. Amira Boulmerka a obtenu la Palme D’or pour l’École de l’Excellence qu’elle a crée en 2007, Sara-Myriam Mazouz (25 ans et championne québécoise en Judo) pour le Prix Jeune potentiel et Teasnim Djellab, (fondatrice de la compagnie LEDSAVIOR et récipiendaire du Prix du Lieutenant-gouverneur du Québec) pour le Prix Entreprenariat féminin.
« La Fondation Club Avenir est un organisme philanthropique sans but lucratif, qui a pour mission d’encourager l’excellence au sein de la communauté algérienne et plus généralement maghrébine en reconnaissant l’innovation et la réussite », explique-t-on. Elle a été fondé en 2002.
Pour la cérémonie de remise des prix, Fatima Halimi était à l’animation, aidée par Sara Nacer, directrice générale de la Fondation e t
Fikri Faradj à la présentation multimédia.
Slimane Benaissa, invité de marque
Pour cette édition, la fondation a également reçu le grand dramaturge algérien Slimane Benaissa, qui a présenté sa pièce El Mouja Wellat peu après la cérémonie de remise des prix.
Rencontré a la fin du spectacle, M. Benaissa a expliqué l’importance d’établir une continuité dans notre histoire. «J’ai repris l’histoire de l’Algérie pour essayer de lui donner une continuité, on a saucissonné l’histoire, a-t-il confié. J’ai essayé de voir ou est la continuité […] Voir ce qui nous constitue dans notre histoire, le bon et le mauvais. Chez nous, on enlève le mauvais, on garde uniquement le bien. Les peuples ne peuvent être uniquement bon.»
La pièce El Moudja Wellat est la suite logique de Babour Ghreq, une analyse de l’époque du parti unique. Le dramaturge, se dotant encore une fois d’un monologue puissant, en français comme en arabe littéraire, et souvent en dialecte algéro-berbère, raconte l’histoire de l’Algérie depuis 1945, passant par la décennie noire et jusqu’au gouvernement actuel en utilisant la métaphore de l’histoire du grand-père.
«Mon grand-père est une douleur qui ne dort jamais […] Mon grand-père est une conscience qui ne dort jamais.»
À travers cette pièce, comique et tragique à la fois, M. Benaissa reconstitue le lien avec l’histoire, en se réconciliant avec tout ce qu’il y a de bon et mauvais. Il ne se gêne point pour étaler les erreurs commises et pour dire tout haut ce que l’on pense tout bas.
«L’histoire est une donnée essentielle, une oeuvre artistique quelle qu’elle soit doit être contemporaine, elle doit être inscrite dans son temps, c’est à dire liée dans son histoire et liée à sa société, a-t-il mentionné. Malheureusement chez nous, on a problème dans l’histoire, le lien avec l’histoire n’est pas fait. Comment voulez-vous que j’établisse ce lien en tant qu’artiste? C’est par l’oeuvre elle même, parce que je n’ai pas de lien avec ma propre histoire… Ils nous ont eus!»
Pour cet homme de théâtre, chaque artiste doit contribuer à la construction de la mémoire populaire algérienne. «C’est l’ensemble de notre oeuvre mis en commun qui va constituer quelque chose qui va reconstruire l’Algérie , un type seul ne peut pas, il faut que tout le monde s’y mette», a-t-il ajouté.