Accueillie au Monument National les 23 et 24 mai 2013, la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin a présenté sa nouvelle œuvre Beauty Remained au public montréalais dans le cadre du Festival Transamériques. Accompagnée des sept danseurs de la troupe Moving into Dance Mophatong fondée par Sylvia ‘Magogo’ Glasser, Robyn Orlin investit pleinement scène et coulisses pour nous « danser » la beauté tout en rendant hommage au soleil et au recyclage.
De retour à Montréal après un passage en 2008 aux Escales Improbables avec sa pièce Although I live inside … my hair will always reach towards the sun, la chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin est revenu présenté une nouvelle œuvre au titre-fleuve, Beauty remained for just a moment then returned gently to her starting position.
Artiste multidisciplinaire originaire de Johannesburg, celle qui fut longtemps surnommée « irritation permanente» (sic) propose une réflexion drôle et surtout participative sur ce qu’est la beauté sud-africaine.
Alliant textes, chants, mais aussi vidéos – ainsi sont projetées en arrière-plan des fragments de vie urbaine, d’animaux ou encore des visages en parallèle aux chorégraphies – Beauty remained marque les esprits pour ne pas avoir eu peur de se frotter au public.
Du particulier à l’universel : en quête de la Beauté
Tour à tour, les danseurs Julia, Oscar, Teboho, Sunnyboy, Sonia, Muzi et Thandi passent de la scène au parterre, enchaînant jeux divers et mises en scène comiques. Alors que les yeux admirent les costumes colorés et farfelus de Marianne Fassler créés de toutes pièces grâce à différents objets recyclés, Oscar cherche désespérément à communiquer avec Dieu pour lui demander ce qu’est la beauté. Car la question est là.
Les réponses des danseurs, empruntes de quotidien (« la beauté, c’est la voix de ma fille », « la beauté, c’est marcher seul dans la rue sans avoir peur ») et de simplicité, rappellent que bien au-delà des différences – de couleur de peau, de religion, de sexe –, l’existence de la beauté dans sa diversité rassemble, rapproche, unit.
Moins de cynisme, toujours de l’humour
Récipiendaire du prix Jan Fabre de l’œuvre la plus subversive aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, en France, en 2000, Robyn Orlin a acquis sa notoriété internationale en abordant de front les problématiques sociétales qui essaiment son pays.
Du SIDA à la dictature en passant par le racisme, cette ancienne militante anti-apartheid aujourd’hui résidente berlinoise, offre son regard extérieur d’immigré pour mieux atteindre la perspicacité, propre au monde et à sa terre natale, de ce qui semble parfois trop évident.
Délaissant le ton cynique au profit de l’autodérision dans Beauty remained, Robyn Orlin ne cesse toutefois jamais d’inscrire la réalité, avec ses injustices et ses éclaircies, dans sa pratique artistique, toujours fidèle à son adage : « L’art ne sert à rien, s’il n’est pas en prise avec le réel. »