Tamikrest revient avec leur troisième album Chatma (les sœurs). En réponse à des mois d’extrémisme au Nord Mali, les femmes sont donc à l’honneur. Critique.
Les Touaregs du Mali ont eu leur lot d’épreuves ces dernières décennies. Colonisation, décolonisation, marginalisation sociale et, pour couronner le tout, l’invasion de leur territoire par des forces salafistes qui pouvaient vous envoyer au cachot pour le simple fait d’avoir une guitare.
Ce scénario peu glamour a au moins eu le mérite d’attiser le feu musical de Tamikrest. Le groupe revient plus motivé que jamais sur Chatma.
Comme sur les prédécesseurs, on retrouve des guitares hypnotiques sur un tempo cadencé, souvent plus proche du rock que des rythmiques touarègues classiques. La chanteuse Wonou Walet Sidati fait valoir son talent sur plusieurs titres, alternant avec la douce voix du leader Ousmane Ag Mossa.
La production est un peu plus sexy que prévu. L’ensemble de l’album, assez varié, frise à la limite de l’acceptable avec un son à l’occidental. Mais on ne peut qu’aimer le résultat.
Suivre les pas des maitres du genre Tinariwen n’est pas évident. Tamikrest, sans être trop novateur, y parvient et maintient le blues saharien dans une spirale positive.
Nicolas Roux