Présenté en première mondiale dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), le long métrage d’Alexandra Sicotte-Lévesque, À jamais, pour toujours, plonge au cœur de la situation du Soudan.
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Dans son documentaire de 75 minutes, la journaliste et cinéaste Alexandra Sicotte-Lévesque (Le Silence est d’Or, 2007) aborde la délicate question des relations conflictuelles entre Soudanais, précisément entre le Nord et le Sud.
Pour le faire, la réalisatrice qui y a vécu pendant trois ans suit le parcours de six jeunes qui vivent dans le pays dirigé de main de fer par le chef militaire et président Omar el Bechir, un pays déchiré par les blessures encore ouvertes de la guerre civile.
Lucy, Abubakr, Hajjir, Hawa et Kaltoum, Martha ou encore le très jeune Chol sont ces jeunes que la guerre a façonnés.
Pendant deux ans, l’équipe de tournage a suivi ces personnages à différentes étapes et leur rapport au référendum et aux évènements politiques. Un peu le personnage principal, Abubakr est au cœur du récit qu’il narre tout au long du film, sous forme de poème.
«À jamais, pour toujours cherche à dresser un portrait aussi intimiste que détaillé des enjeux de ce pays»
Le cinéaste, qui travaille depuis plus d’une décennie dans le domaine des médias internationaux, propose des images de ces personnes qui vivaient dans le sud ou dans le nord et que la guerre et la haine ont déplacées.
Entre les deux journalistes que tout divise, ou la jeune femme complètement voilée qui travaille dans le secteur médical et qui n’a pas peur d’aller parfois à contre-courant, notamment face à ses parents, Sicotte-Lévesque montre une image bien différente. De ce pays très fermé, en réalité, l’opinion publique ne connaît que très peu de choses.
La scène du jeune Chol originaire de Wau, qui parlent aussi bien anglais, français que la langue de son père d’adoption l’espagnol, sont saisissantes tant la recherche et la quête d’identité sont palpables. «C’est formidable, je suis international», dit-il d’ailleurs.
À Khartoum capitale du Soudan, comme à Juba, capitale du Soudan du Sud, la caméra d’Alexandra Sicotte-Lévesque n’épargne aucun détail. On y (re)découvre la campagne pour le référendum, des images d’el Bechir (accusé de crime de guerre, crime contre l’humanité et génocide) ou de son principal adversaire, John Garang (mort lors d’un accident d’hélicoptère).
«Ce n’est un pas un film qui est tout à fait politique, mais il y a des commentaires politiques.»
Alexandra Sicotte-Lévesque
On découvre également dans ce film, un nouveau pays qui ne ressemble à rien, ravagé par tant d’années de guerre. Les images sont impressionnantes et parlent d’elle-même. Pas de route, pas d’infrastructure, beaucoup de conflits interethniques, gouvernement divisé et classe politique corrompue. Pour la cinéaste, malgré tout, il y a un espoir, notamment pour ce nouveau pays. «Il faut garder espoir, c’est un jeune pays.»
Ce film qui ne s’adresse pas forcement aux connaisseurs du Soudan et de l’Afrique touchera certainement le grand public précisément par les thèmes qu’il aborde : identité et «ce besoin fondamental de construire et d’avoir un chez soi ».
À jamais, pour toujours prendra l’affiche à Montréal le 29 novembre prochain, en version française (en arabe et anglais avec sous-titres français) et en version anglaise sous le titre The Longest Kiss. Le film a obtenu une mention spéciale pour le prix Magnus Issacson aux RIDM 2013.
Il est produit par Alexandra Sicotte-Lévesque et Yanick Létourneau (Périphéria) et distribué par Les Films du 3 Mars.