Le Mois de l’Histoire des Noirs expose Nelson Mandela

Du 30 janvier au 28 février 2014, le Mois de l’Histoire des Noirs propose une exposition gratuite autour du personnage mythique qu’a été Nelson Mandela, à l’Hôtel de Ville de Montréal (275 rue Notre-Dame Est). L’occasion pour le public montréalais de se frotter à une sombre partie de l’histoire de l’Afrique du Sud et de découvrir le parcours d’un des grands héros de l’histoire de l’humanité.

Décédé le 5 décembre dernier, Nelson Rolihlahla Mandela surnommé Madiba laisse une Afrique du Sud orpheline, dont le paysage socio-urbain porte encore les marques de quarante-trois ans de ségrégation raciale.

De 1948 à 1991, le régime de l’Apartheid (qui signifie « mis à part » en afrikaans) est instauré par la minorité blanche sud-africaine composée de descendants des colons européens – principalement des Néerlandais –, soucieuse de conserver sa suprématie avant tout idéologique, économique et politique.

Composée de dix-neuf photos ainsi que d’une vidéo diffusant le discours de Nelson Mandela lors d’une de ses venues au Canada, l’exposition Un long chemin vers la liberté, bien que modeste, est très complète et détaillée.

Mandela-Expo« Sans terre où vivre, nous ne sommes plus un peuple » (John Dube)

Bien qu’elle retrace l’itinéraire de l’ancien président sud-africain, l’exposition prend méticuleusement soin de contextualiser pour le public l’histoire du pays en revenant notamment sur le rôle de la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales dans l’arrivée des colons néerlandais et sur l’impossible cohabitation entre les Boers (« paysans » en afrikaans) et les autochtones.

Depuis son entrée dans l’ANC (parti politique African National Congress) jusqu’à l’accession à la présidence en 1994 en passant par le récit de son procès et son emprisonnement à Robben Island durant vingt-sept ans et huit mois, chaque moment-clé de la vie de Nelson Mandela est passé au crible.

Cependant, l’exposition ne tombe pas dans les écueils faciles associés à ce type de rétrospective mythologique en n’oubliant pas de signaler l’implication primordiale des compagnons de route de Madiba : Oliver Tambo, Desmond Tutu, sa seconde épouse Winnie Mandela, etc.

Un long chemin vers la liberté est bien plus qu’une simple chronologie photographique, elle est un moyen judicieux et aujourd’hui nécessaire pour interroger les mécanismes politiques ainsi que les dogmes religieux qui ont permis la mise en place de ce type de ségrégation, dévoilant la puissante domination d’une minorité composée de 21% de Blancs en 1913 contre 67% de Noirs.

Elle propose aussi un début de réflexion sur les moyens de résistance employés par la communauté noire sud-africaine : les boycottages, les grèves, la désobéissance civile (un des exemples les plus édifiants étant l’incitation d’Oliver Tambo à danser un toyi-toyi devant des militaires armés), la non-coopération et la volonté de créer une Charte de la liberté à Kliptown en 1955. Considéré à tort comme un principe moral, Nelson Mandela justifiera plus tard le choix de la contestation pacifique – à l’image de celle mise en œuvre par Mahatma Gandhi en Inde – comme une stratégie ; stratégie qui ne fera pas long feu suite au massacre de Sharpeville en 1960.

« Notre cause est indivisible et notre certitude d’une victoire définitive est inébranlable. Voici l’armure infaillible de ceux qui n’ont jamais cessé de croire en la justice et la liberté en dépit de toutes les persécutions politiques. » (Nelson Mandela, 1964)

Enfin, l’exposition rappelle que bien que le conflit sud-africain oppose des Africains noirs à des Européens blancs devenus par la suite des Afrikaners profondément ancrés en terre africaine, le problème a et n’a que pour source le racisme et ce qu’il engendre comme préjugés et comme conceptions suprématistes et non l’homme blanc comme le rappelle Nelson Mandela.

Un long chemin vers la liberté nous dit enfin implicitement qu’aucun pays, vingt-trois ans après l’abolition de l’Apartheid, n’est à l’abri d’une dérive politique sectaire visant la mort sociale d’une population.

Exposition Nelson Mandela

Du 30 janvier au 20 février 2014 à l’Hôtel de Ville de Montréal.

Horaire de semaine : 08:30 – 16:30

Horaire de fin de semaine : 10 :00 – 16:00

Du 4 avril au 4 mai à l’Espace Culturel Georges-Emile-Lapalme de la Place des Arts

 

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