À l’affiche au Québec dès le 21 février en version originale sous-titrée, Omar est le dernier film du réalisateur néerlando-palestinien Hany Abu-Assad (Le mariage de Rana, Aux portes du paradis), et est en lice pour les Oscars du 2 mars 2014 dans la catégorie Meilleur Film en langue étrangère. C’est la deuxième fois que le réalisateur originaire de Nazareth représente la Palestine au Hollywood’s Dolby Theatre.
Omar (interprété par Adam Bakri) est un jeune boulanger cisjordanien, amoureux de Nadia (interprétée par Leem Lubany), la sœur de son ami d’enfance Tarek (interprété par Eyad Ourani).
Plusieurs fois par semaine, Omar escalade le Geder HaHafrada (le « grillage de séparation » en hébreu) qui dissocie les territoires israéliens des territoires palestiniens pour rejoindre ses amis arabes, risquant à tout moment de se prendre une balle par les militaires israéliens.
Motivé par ses amis Tarek et Amjad (interprété par Samer Bisharat), Omar participe à une mission nocturne durant laquelle un policier israélien se fait tuer par balle. Emprisonné après une course-poursuite haletante dans les étroites ruelles de la ville, Omar se retrouve face à l’agent Rami (interprété Waleed F. Zuaiter) qui lui propose de marchander liberté contre trahison.
Projeté en septembre 2013 au Festival du Film de Toronto (TIFF), Omar est un thriller psychologique jouant avec les codes du film noir et du film policier (jeu sur la lumière et les contrastes, omniprésence de la ville et des espaces urbains restreints, représentation de la violence, thématique de la double identité/vie, etc.).
Hany Abu-Assad démontre ainsi qu’il est possible d’allier film de genre et actualités politiques, en mettant à l’écran la jeunesse palestinienne se cherchant un avenir possiblement libre au-delà des murs de violence et d’humiliation qu’impose l’État policier auquel ils ne cesseront jamais de se soustraire.
Lauréat du prix du jury à Cannes en 2013 dans la section « Un certain regard », le film Omar scénarise les relations entre amis d’enfance et l’effritement de celles-ci lorsque se mêlent la traîtrise et la peur grandissante de celle-ci débouchant sur la paranoïa, la méfiance, la rumeur et finalement l’exclusion, la destruction puis la disparition de la confiance.
Durant une heure et demie, Hany Abu-Assad orchestre à l’écran la pire des armes face à un groupe solide : le doute.
Forts de leurs convictions, mais affaiblis par le chantage et la manipulation, les personnages d’Hany Abu-Assad passent leur temps à fuir, à courir, mais vers quoi ? Vers une liberté ? Laquelle ? Celle qu’ils auront finalement marchandée. Car la liberté certes, mais à quel prix en Cisjordanie occupée ?