Alors que l’Ouganda vient d’adopter une loi anti-gais dénoncée par la communauté internationale et qu’au dire des organisateurs de Massimadi, l’homosexualité reste un tabou au sein de la communauté noire québécoise, le thème de la sixième édition 2014 du Festival de cinéma LGBTQ (pour lesbiennes, gais, transsexuels et queers), qui se déroule du 25 février au 1er mars dans le cadre du mois de l’Histoire des Noirs, peut surprendre par son côté positif : «L’amour triomphe».
Patricia Lafontaine, directrice générale d’Arc-en-ciel d’Afrique, organisation qui a créé Massimadi, n’en démord pas. «Ça prendra du temps pour que ceux qui n’aiment pas les homosexuels l’acceptent, mais au final nous nous aimerons toujours, quoi qu’il arrive, et c’est ça malgré tout le plus important», explique-telle.
Les organisateurs ont invité deux couples venus illustrer ce message. Les Sud-Africains Tshepo Modisane et Thoba Sithole ont été, en 2013, le premier couple gai à se marier selon la tradition zouloue.
«Ils n’étaient pas naturellement militants, mais ils le sont devenus en acceptant de s’afficher», souligne Patricia Lafontaine.
La photo de leur union est d’ailleurs utilisée pour l’une des affiches du festival, tout comme un baiser échangé par l’autre duo vedette, Gail Marquis et Audrey Smaltz. Ces deux Américaines – l’une ancienne modèle, l’autre médaillée aux Jeux olympiques de Montréal en 1976 – ont lutté pendant des années pour voir leur relation reconnue par le gouvernement.
La parole donnée aux hétérosexuels
Les films sélectionnés ne sont pas tous porteurs de bonnes nouvelles. «Rares sont les films de ce genre qui ne parlent pas de violence», reconnaît Patricia Lafontaine, d’autant que le nombre de courts ou longs métrage sur le sujet restent limité.
Ainsi, God loves Uganda, projeté en ouverture au Théâtre D.B. Clarke de l’université Concordia, le 25 février, relate comment certains évangélistes américains, généralement blancs, se sont rendus dans le pays de l’est de l’Afrique pour donner leur version des livres sacrés et nourrir la discrimination.
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Le même soir, Massimadi dévoilera également Au-delà des images, réalisé par un membre d’Arc-en-ciel Afrique, Laurent Maurice Lafontant.
La particularité du court-métrage est de donner la parole aux hétérosexuels. «En voyant nos interventions dans des organismes ou des établissements scolaires, certaines personnes de la communauté noire ont estimé qu’on venait pour faire du recrutement, c’est-à-dire amener des gens à rejoindre la communauté LGBTQ, plutôt que pour combattre l’homophobie», indique Patricia Lafontaine.
D’où l‘idée de laisser s’exprimer cette fois trois «straights» (une mère de famille haïtienne, une étudiante rwandaise et un étudiant camerounais) racontant les étapes du processus qui leur a permis de venir à bout de leurs propres préjugés.
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Pour le reste, la programmation prévoit notamment une journée dédiée spécialement aux lesbiennes ou encore une exposition, au cinéma du Parc, «Faces & Phases» de la photographe sud-africaine Zanele Muholi, célébrée dans le monde entier pour ces portraits de femmes en noir et blanc de la communauté LGBT questionnant l’identité et le genre.
Le festival fermera ses portes, le 1er mars, avec la projection de «The Happy Sad», portrait croisé de plusieurs couples new-yorkais. Histoire de parler d’amour une dernière fois.
Pour plus d’informations sur la programmation de Massimadi : www.massimadi.ca.