Pour la deuxième année consécutive, le gala Ha Ha Haïti organisé dans le cadre du Festival Juste pour rire a fait salle comble au théâtre Maisonneuve, le mardi 15 juillet.
Visiblement ému, l’écrivain Dany Laferriere a ouvert la soirée-bénéfice en remerciant les artistes présents ainsi que la directrice de l’école nationale de l’humour, Louise Richer et le metteur en scène Benoît Pelletier.
« Vous savez l’humour en Haïti est comme une solution que les Haïtiens ont trouvée pour survivre malgré toutes les catastrophes», a dit l’auteur. Cet humour est presque viscéral et oh combien primordial. Il s’agit d’un humour qui célèbre la résistance d’un peuple, le talent d’une jeunesse et surtout son culot doué d’imagination et son envie de s’en sortir.
Pour sa part, Eddy King a rappelé le titre de maître attribué à l’auteur québécois d’origine haïtienne. « Vous vous rendez compte, les candidatures d’Émile Zola et de Victor Hugo ont été rejetées plusieurs fois à l’Académie française… Mais Dany Laferriere, il obtient du premier coup son entrée…! Normal! »
Le gala Ha Ha Haïti a pour but de rassembler des fonds pour le lancement d’une formation pour les humoristes haïtiens à Port-au-Prince qui commencerait des l’automne prochain. Les artistes qui performaient mardi soir, dans un théâtre rempli, sont donc soit confirmés depuis peu, soit tout juste sortis de l’école et surtout appuyés par des noms bien connus en Haïti comme au Québec.
Orchestrée par Eddy King, la soirée a vu défiler des artistes qui ont célébré la diversité de l’humour et la richesse des cultures.
À noter, la présence de Laurent Paquin avec son sketch sur l’homosexualité, François Bellefeuille, Boucar Diouf, Gaëlle Bien-Aimé, James Fleurissant, Ricardo Lefevre, Moïse Toussaint, Phil Roy, Mehdi Bousaidan, Louis T. et l’humoriste haïtien Kako qui a enfin réalisé le rêve de parler créole au théâtre Maisonneuve.
La diversité des représentations a pu faire rire et même, pleurer de rire à bien des occasions le public. S’il est vrai qu’l faut commencer par rire de soi pour comprendre les autres de sa propre culture, c’est souvent en écoutant des discours autres qu’il est possible de se rendre compte de ses incohérences, des richesses comme des différences.
Le spectateur a pu se reconnaître, le temps d’une soirée, dans l’exagération des comportements et des mimiques, comme la mise en scène de comportements généraux qui n’ont rien à avoir avec la culture illustrée notamment par Kako avec le mari empêché de sortir par sa femme ou alors l’immigrant intégré de Boucar Diouf.
Présent pour la seconde année consécutive, Rachid Badouri a clôturé les festivités. « Onze heures moins le quart et vous êtes toujours en train de rire comme des fous » a-t-il dit en arrivant sur scène, fier et heureux de voir une telle diversité présente. L’humoriste aux racines marocaines en a profité pour rendre hommage à son père et à son éducation « un peu plus sévère » que celle des Québécois. Des anecdotes qui font rire c’est certain, mais qui arrivent à surprendre et étonner, une fois de plus.