Les États-Unis est un pays fondamentalement violent, construit sur deux choses : le génocide des Amérindiens et l’esclavage. Tels sont les propos du réalisateur iconique afro-américain Spike Lee, invité spécial du 10e Festival International du Film Black de Montréal.
Venu pour recevoir un prix hommage, Spike Lee s’est adonné avec générosité au jeu des questions-réponses, n’hésitant pas à prendre le temps d’expliciter ses propos et de revenir avec précision et humour sur diverses interventions du parterre de journalistes.
Peu avant la première mondiale de son film Da Sweet Blood of Jesus, Spike Lee est revenu sur sa carrière marquante et a fait le point sur les enjeux des luttes noires aujourd’hui aux États-Unis.
Pour le réalisateur, tant qu’il n’y aura pas de personnes de couleurs aux commandes, cela n’évoluera pas réellement. Le cinéaste a indiqué que cela valait pour toutes les minorités : femmes, latino, asiatiques, il appelle à plus de diversité dans les médias et aux postes décisionnels.
S’il n’aurait pas cru possible, à la fin des années 80, qu’un Noir soit aujourd’hui à la tête de la Maison Blanche, Spike Lee a néanmoins souligné que les problèmes de violences policières se sont accrus. Les noms de Mickael Brown et Trayvor Martin ont bien sûr été évoqués, mais également tous les autres, ceux passés sous silence par les médias.
Le problème de la représentativité de la diversité a aussi été soulevé. Si l’on voit plus de vedettes noires qu’auparavant cela ne signifie pas pour autant qu’un changement radical est en cours.
De Da Sweet Blood il ne dira pas grand-chose, préférant nous inviter à aller voir et nous faire notre avis sur cette histoire d’addiction, avec «a lot of blood and sex ».
Vingt-cinq ans après Do the right things, le film qui l’aura d’emblée imposé comme un cinéaste important de sa génération et activiste de la cause afro-américaine, les luttes ne manquent pas. Et c’est de cela, beaucoup plus que d’une leçon de cinéma, dont il aura été question pendant cette conférence.
Spike Lee est également enseignant, et voit l’éducation comme solution aux nombreux problèmes évoqués. Il nous a dit inciter ses élèves à croire en eux, et à se battre.
Parce que, malgré toutes les critiques qu’il en fait, il aime profondément l’Amérique et reste convaincu que c’est un endroit formidable, un des rares lieux où « You Got a Dream and it Maybe Happens ».
Courtoisie Photos: Twitter et Nabiha EL Hafi