En marge du Festival international du film black de Montréal (FIFBM), le cinéaste américain Spike Lee a présenté, en première mondiale, son dernier film Da Sweet Blood of Jesus. Touki Montréal y était.
Remake du film d’horreur Ganja & Hes» sorti en 1973, Da Sweet Blood of Jesus (traduction littérale: le doux sang de Jésus) est un film indépendant à budget restreint, tourné seulement en 16 jours grâce aux dons d’internautes sur la plateforme de financement participatif, Kickstarter.
Pour ce film, Spike Lee a amassé 1,4 million $, soit légèrement plus que l’objectif initial de 1,25 million. Le but était de tourner un long métrage personnel, sans qu’un studio ne lui dicte quoi faire.
Bien que Da Sweet Blood of Jesus traite d’immortalité et de quête de sang, Spike Lee refuse de classer sa dernière oeuvre comme un film de vampires.
Certains pourraient y voir cependant quelques similitudes avec le film Blacula, le vampire noir, sorti en 1972, mais ce n’est pas le cas selon le réalisateur.
Sur Kickstarter, il décrivait plutôt son film de la façon suivante: «Des êtres humains qui sont accros au sang. Drôle, sexy et sanguinolent. Un nouveau genre d’histoire d’amour (et non un remake de Blacula)».
Lors de la séance de questions-réponses à la fin de la projection du film, le réalisateur de Malcolm X a catégoriquement refusé d’expliquer le sens de son dernier long métrage. «Ça fait des années que je ne fais plus ça», a-t-il souligné.
Mêlant horreur, romantisme et comédie, la dernière mouture de Spike Lee peine à convaincre par son manque de cohérence et de vraisemblance. La performance des acteurs Zaraah Abrahams et Stephen Tyrone Williams, inconnus du grand public, est plutôt réussie, mais manque toutefois de profondeur à certains moments-clés.
On est bien loin de l’engagement social des films Malcolm X et Do the Right Thing, deux titres phares de la filmographie du cinéaste américain.
Nudité et violence
Da Sweet Blood of Jesus regorge de scènes crues mêlant nudité et violence. Les scènes dans lesquelles le personnage principal ingurgite du sang sont particulièrement dérangeantes. Celle qui montre le couple boire le sang d’une victime à même le sol est difficile à oublier.
La photographie et la trame sonore, composée par l’excellent Raphael Saadiq, sont les deux points forts du film. Raphael Saadiq, véritable prodige du mouvement neo soul aux États-Unis, fait grâce de sa présence à l’écran dans l’une des scènes les plus enlevantes du film.
Guitare à la main, accompagné d’un petit choriste et d’une femme au piano, l’auteur-compositeur-interprète chante l’un de ses morceaux dans une église gospel, porté par la ferveur des fidèles.
En ce qui concerne la photographie, les images sont très colorées et très léchées. Le sens de l’esthétisme de Spike Lee y est évident.
Da Sweet Blood of Jesus est plutôt un exercice de style. Le long métrage est tantôt déroutant et dérangeant, tantôt très esthétique. Spike Lee a joui d’une très grande liberté artistique pour ce film, et ça se voit. Néanmoins, il rejoindra difficilement un large auditoire. À voir si vous êtes un véritable amateur du cinéaste.
Sypnopsis:
Hess Greene, un riche anthropologue, reçoit une ancienne dague Ashanti, une civilisation qui l’intéresse particulièrement. Lorsque son assistant le poignarde à l’aide de cette dague, le Dr Greene se transforme en une sorte de vampire qui partira en quête de sang, quitte à s’attaquer à des personnes très vulnérables.Par la suite, l’homme tombera éperdument amoureux de Ganja Hightower, la sublime ex-femme de l’homme qui a tenté de le tuer. S’en suivra une histoire d’amour incongrue entre les deux protagonistes…