Après un passage fort remarqué au Festival du film de Toronto, The Good Lie (Le beau mensonge en version française) de Philippe Falardeau a été présenté en ouverture du Festival du nouveau cinéma (FNC), au Théâtre Maisonneuve de Montréal, le mercredi 8 octobre.
Le premier long métrage américain du réalisateur de Monsieur Lazhar retrace le parcours de quatre jeunes réfugiés du Soudan du Sud, victimes de la guerre civile dans les années 80.
Mamere (Arnold Oceng), Jeremiah (Ger Duany), Paul (Emmanuel Jal) et Abital (Kuoth Wiel) sont forcés de quitter leur village natal après une attaque meurtrière d’une milice armée qui a décimé les leurs.
C’est alors que commence leur dangereux périple jusqu’au Kenya. Durant plusieurs jours, ces enfants devront parcourir, au péril de leur vie, plus de 1000 kilomètres à pied avant d’arriver à destination.
Ils atterriront dans un camp de réfugiés et y resteront treize ans. Par la suite, ils obtiendront le sésame tant convoité: un billet d’avion pour les États-Unis qui changera à tout jamais leur existence.
Au pays de l’Oncle Sam, les Soudanais devront faire face à un inévitable choc culturel dans leur pays d’accueil. Ils devront travailler pour gagner leur vie. Carrie (Reese Witherspoon), une conseillère en emploi quelque peu antipathique, tentera de les aider à construire une nouvelle vie loin de chez eux.
Un sujet difficile
Certains des acteurs ont même vécu cette guerre dans leur vraie vie. C’est le cas de Ger Duany et Emmanuel Jal, maintenant établi à Toronto. À l’âge de 7 ans, Jal a été enlevé pour devenir un enfant soldat. «Ce film, c’est notre histoire», avait souligné l’acteur au Festival du film de Toronto en septembre dernier.
«The Good Lie» a été filmé avec sensibilité et simplicité. Une caractéristique que l’on retrouve dans d’autres longs métrages du réalisateur québécois comme «Monsieur Lazhar» ou encore «Congorama».
Certaines images du film sont particulièrement dures. Dans une scène, le public assiste, impuissant, à l’assassinat de sang-froid de nombreux villageois par des rebelles. Quelques minutes plus tard, les jeunes protagonistes voient les corps de nombreuses victimes flotter sur une rivière, emportés par le courant. Malgré ces images brutales, Falardeau ne tombe jamais dans le sensationnalisme en montrant des images trop crues. Tout ce qui est montré à l’écran semble nécessaire à la compréhension de l’histoire.
Le long métrage retrace la vie de ces enfants de leur fuite jusqu’à leur arrivée aux États-Unis. On pourrait reprocher à Philippe Falardeau d’avoir abordé de façon un peu trop superficielle chaque étape de la vie de ces Soudanais du Sud de leur enfance à l’âge adulte.
Même s’ils sont restés 13 ans dans un camp de réfugiés, on en apprend peu sur les protagonistes (à l’exception de Mamere qui est devenu l’assistant d’un médecin dans le camp et qui rêve de suivre des études en médecine).
Le spectateur apprendra à connaître un peu mieux les personnages lorsqu’ils seront aux États-Unis. Malgré leurs différents tempéraments et quelques prises de bec, Mamere, Jeremiah et Paul se soutiendront pour faire face à leur nouvelle vie à Kansas City.
Parfois dur, souvent drôle, «The Good Lie» est un film qui raconte avec justesse l’exil de quatre jeunes Soudanais dans un pays qui leur est totalement inconnu. Choc culturel oblige, leur apprentissage de la culture nord-américaine ne sera pas sans embûches.
Reese Witherspoon au second plan
Même si c’est Reese Witherspoon qui apparaît en gros plan sur l’affiche du film, elle n’y joue qu’un rôle de soutien aux côtés des Soudanais.
L’actrice américaine laisse toute la place nécessaire à ses collègues africains pour qu’ils puissent développer leurs personnages. Et c’est ce qui fait la richesse de ce film.
Lors de sa sortie aux États-Unis, «The Good Lie» a connu des débuts plutôt modestes au box-office américain avec 935 000 $ amassés en trois jours d’exploitation. Le long métrage sortira sur les écrans québécois le 17 octobre prochain.