Dans son livre Pour les musulmans, sorti aux éditions La Découverte, le journaliste Edwy Plenel y va d’une charge violente contre la nouvelle peur des civilisations: le musulman et par ricochet, l’Arabe.
Empruntant à Émile Zola son célèbre «J’accuse», le cofondateur et patron de Mediapart pourfend tous ceux qui n’ont de cesse de stigmatiser les adeptes de cette religion pratiquée dans plusieurs pays d’Afrique, d’Asie et d’Orient, notamment.
Qu’il s’agisse de politiques, autant à droite (Nicolas Sarkozy, Claude Guéant) qu’à gauche (Manuel Valls), d’intellectuels ou même d’académicien, Plenel s’insurge contre la banalisation de l’exclusion.
«Ce livre porte surtout la proposition d’un nouvel imaginaire politique français capable de transformer nos origines multiples, notre pluralité culturelle et notre diversité religieuse en chance et en force pour mieux affronter les désordres du monde et y apporter des solutions, plutôt que d’y ajouter du malheur. Ainsi on y trouvera divers retours, notamment sur la question de la laïcité et sur celle du colonialisme.»
Des les premières lignes de son ouvrage, le patron de Mediapart enfonce le clou en reprenant à la première ligne les propos de l’immortel Alain Finkielkraut sur les ondes d’une radio publique française : « Il y a un problème de l’islam en France ».
Banalisation intellectuelle, légitimité de la discrimination, respectabilité de l’amalgame, c’est en trop pour Plenel.
«Volontairement à contre-courant, c’est un essai fait pour provoquer – et, si possible, rehausser – le débat, loin des anathèmes, des peurs et des haines. J’espère qu’il y parviendra.»
À la fois avocat et juge, procureur et jury, Me Plenel dézingue tout dans sa plaidoirie et juge les immoraux. Son réquisitoire le plus violent reste sa comparaison du fait musulman d’aujourd’hui à ce qu’était être juif, à une certaine époque, surtout quand on sait la conséquence et les chiffres de la barbarie nazie.
Évidemment la France d’aujourd’hui, ni même les sociétés occidentales, n’est dans la même rhétorique destructrice qu’était l’Allemagne hitlérienne, mais il faut prévenir avant que ce ne soit trop tard.
Tout le travail de Plenel consiste donc à dire à l’opinion publique qu’il y a dans la société des dangers à vouloir toujours trouver un coupable, surtout si ce dernier était à la fois musulman et arabe…
Au premier rang de ceux qui soufflent sur le feu, Edwy Plenel pointe les médias, ceux-là même qui ne savent plus faire la part des choses.
« J’ai donc été façonné par une diversité de cultures (bretonne, antillaise, créole, caraïbe, maghrébine, arabe, berbère, française, etc.) où se jouent diverses influences spirituelles (catholicisme, protestantisme, vaudou ou quimbois, islam, etc.) jusqu’à celle, d’un judaïsme diasporique, que m’a apportée la famille construite avec ma compagne, issue de l’immigration juive d’Europe centrale. Sans compter, évidemment, l’éducation républicaine transmise par des parents profondément attachés à l’école laïque. »
Pour en savoir plus :
Pour les musulmans, d’Edwy Plenel, éd. La Découverte, 214 pages.