Présenté à Montréal dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire (RIDM), le documentaire Alger après raconte un parcours à la rencontre des Algérois et de leur Histoire.
Dès les premiers plans du film, la réalisatrice Feriel Benzouaoui informe le téléspectateur du contexte complexe du tournage. Nous sommes dans les rues d’Alger en 2013, à bord d’un taxi dans les embouteillages, quelque temps avant la Coupe du monde de la FIFA.
L’une des premières phrases, alors prononcée par un policier, informe la réalisatrice qu’elle a le droit, grâce à une autorisation du ministère de la culture, de filmer son documentaire uniquement si elle évite les institutions publiques et les policiers. S’agit-il de censure? Non… simplement des restes des années noires.
Les années noires correspondent aux années 90 où Alger vivait dans la terreur des islamistes qui avaient pris en otage plusieurs quartiers et n’hésitaient pas à instaurer leurs politiques et vision de l’islam. Ces années ont marqué à vie tous les Algérois qui se sentent finalement comme l’on peut se sentir…dans des embouteillages.
Alger, après raconte l’histoire de l’Algérie à l’aide de sensations, de sentiments et d’histoires racontées à la réalisatrice qui tient une caméra, mais ne filmera, finalement, que très peu de visages.
Algérie, mon amour*
Qu’ils s’agissent de neurologues qui peinent à exercer leur métier, de travailleuse « du corps » ou encore des chauffeurs de taxi, tous expliquent à Feriel Benzouaoui la beauté de ce pays et la complexité d’en dire du mal, surtout aux occidentaux et à ceux qui n’y vivent pas… Comme s’il fallait à tout prix préserver ce qu’il reste d’orgueil et éviter de retomber dans la misère.
« On travaille, on tente de survivre », lui explique-t-on en reparlant des évènements en Libye ou encore en Tunisie. Le peuple ou la légitimité du pouvoir, qu’importe. Ce qui compte c’est d’éviter de rebasculer dans les années noires et d’avancer malgré tout.
1,2,3 viva El Djezaïr
Il aurait été impossible à Feriel Benzouaoui de ne pas parler du soccer et de l’équipe nationale algérienne. Rappelons que la réalisatrice rencontre les Algériens au moment du match de qualification de la Coupe du monde contre le Burkina Faso. Embouteillages, crise économique, impasse de la jeunesse et pouvoir autoritaire n’ont alors plus d’importance quand les fennecs défendent aux yeux du monde les couleurs du drapeau algérien.
Alger, après est donc l’occasion de se promener dans l’une des plus belles capitales d’Afrique au travers de témoignages de ses habitants qui repensent parfois aux incohérences « typiquement algériennes » … Et quant à ce qui arrivera après, « Inch’Allah »!
*Intertitre inspiré de la chanson de Baaziz
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