Avec Madame Livingstone, l’auteur congolais Barly Baruti et le scénariste français Christophe Cassiau-Haurie proposent chez Glénat une splendide BD de 110 pages sur la place du Congo dans la Grande Guerre.
Officier de l’armée royale belge, le lieutenant Gaston Mercier est détaché en 1915 sur les berges du lac Tanganyika, à Albertville, «terminus du chemin de fer des Grands Lacs», le «bout du bout du Congo belge».
Il a été engagé pour faire la guerre aux troupes du kaiser. Jeunes et talentueux, mais moins irrévérencieux que ces autres collègues, il va faire équipe dans son avion britannique avec tout un spécimen toujours en kilt: Madame Livingstone.
Celui qui dit être le fils de l’explorateur David Livingstone parle plusieurs langues, dont le français et l’anglais. Les deux compères auront la délicate mission de pister puis couler Le Graf Von Gotzen, l’impressionnant navire allemand, terreur des puissances alliées.
Grâce à la clairvoyance de Mme Livingstone, son réseau d’amis et sa connaissance du terrain, les Belges vont faire des gains au détriment de la Deutsch Ostrafrika, une extraordinaire campagne militaire qui les conduira jusqu’au sable de l’océan Indien.
Les lecteurs curieux auront l’occasion d’en apprendre plus avec le cahier bonus de 16 pages à la fin de l’ouvrage qui propose un survol du contexte historique.
Barly Baruti, Christophe Cassiau-Haurie, mais également Appollo offrent aux lecteurs et aux amoureux d’une certaine Afrique une histoire «construite à partir de nuances», où colonisateur et colonisé ne sont ni plus ni moins que des êtres humains avec leurs défauts, mais aussi leurs qualités.
Chaque clan ne formait donc pas un bloc homogène qui ne parlait que d’une voix. Au contraire, et «l’histoire» de madame Livingtstone est en ce sens révélatrice, les ponts crées entre les deux solitudes ont probablement permis de créer un troisième bloc, ou chaque personne avait l’impression de ressembler à l’autre.
Et dans ce monde, Alexis Livingtstone est une représentation de l’homme moderne, aussi futé que ruse qui doit cependant tout à sa mère (patrie ?)