Réalisé en 2013 et projeté les 21 et 22 mars au Festival international du film sur l’art (FIFA) de Montréal, Alice Walker : Beauty in Truth évoque la vie extraordinaire de l’auteure de la Couleur pourpre.
L’Américaine a été de tous les combats, devenant un symbole de la lutte contre l’oppression. Évidemment la lutte menée en faveur des droits des Afro-Américains reste la plus connue de ses batailles.
Mais l’écrivaine ne s’est pas arrêtée là : Tibet, Rwanda, Congo, territoires palestiniens sont autant de foyers de tension où Alice Walker a donné de la voix pour aider les populations maltraitées.
Dans son film, la réalisatrice Pratibha Parmar revient sur les années d’enfance de la romancière. Issue d’une modeste famille de fermiers pauvres de Géorgie, elle parvient, grâce à la volonté de sa mère, à faire des études qui la conduiront jusqu’au diplôme universitaire.
C’est à la même époque que Martin Luther King mène le combat pour les Noirs américains. Inspirée par «la détermination radicale» du pasteur, la jeune fille va mener la même lutte pendant plusieurs années au Mississippi, état du sud gangréné par le racisme.
«Nous étions prêts à mourir», dit l’auteure dans le documentaire.
Ils partiront ensemble au Mississippi, formant officiellement le premier couple interracial de l’État qui donnera bientôt naissance à une petite fille. Et ce, quitte à être menacée ensuite par le Klu Klux Klan.
Divorcée quelques années plus tard, Alice Walker vivra ensuite plusieurs histoires, tant avec des hommes qu’avec des femmes. Sur le plan des idées, elle mènera une lutte contre sa propre communauté afin de permettre aux femmes noires de s’émanciper.
Son œuvre a été également l’objet de plusieurs controverses. Bien que couronnée du Prix Pulitzer en 1982, La Couleur pourpre, roman épistolaire adapté ensuite au cinéma par Steven Spielberg, a été accusé de faire honte à la communauté en évoquant la violence des hommes noirs envers les femmes ou en racontant l’amour entre deux femmes. «J’avais alors peu de défenseurs», se souvient-elle.
Quelques années plus tard, en écrivant son roman Possessing the Secret of Joy et son essai Warrior Marks (qui sera suivi d’un documentaire du même nom réalisé par… Pratibha Parmar), Alice Walker aborde le problème de coutumes africaines conduisant à la mutilation de l’appareil génital féminin. Elle se voit alors accusée de voyeurisme. D’autres, sur le continent noir, lui reprochent de se mêler de ce qui ne la regarde pas…
De son avortement alors qu’elle était encore une jeune fille à sa douleur de ne jamais avoir vu son petit-fils, Alice Walker semble ne passer sous silence aucun épisode de cette tumultueuse existence.
On ne peut ressortir qu’ému et admiratif devant le récit de la vie de cette femme de toute évidence volontaire et de courageuse. On peut toutefois reprocher au documentaire de Pratibha Parmar de verser un peu trop dans l’hommage hagiographique.
Les personnes interrogées ne sont que des proches admiratifs d’Alice Walker, tout comme d’ailleurs la réalisatrice elle-même. Un peu plus de retenue aurait apporté à ce film utile et intéressant encore plus de force, tant la personnalité de l’auteure se suffit à elle-même.
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