Le groupe Orkestar Kriminal se démarque par son désir de faire découvrir au public montréalais, l’univers musical de gangsters dans le monde des années 20 et 30. Emmenée par la chanteuse Giselle Webber, la formation, a présenté à la fin du mois de mars, au Divan Orange, les chansons de son premier album Tummel, signifiant «chaos» en yiddish.
Dans le domaine culturel, Montréal est souvent la ville où les projets les plus hétéroclites et originaux se développent au gré de rencontres entre artistes d’horizons différents.
Ce vendredi 27 mars, le concert de plus de 1h15 aux arômes festifs a soulevé un vent de chaos sur la scène du Divan Orange. Il s’agissait d’un voyage parmi les bandits de l’époque, de la Moldavie, en passant par la Grèce et la Russie, tout en faisant un détour par le Mexique.
Quelques jours avant l’édition 2012 du festival POP Montréal, huit musiciens d’improvisations se sont rencontrés pour jouer ensemble, dans un but très simple : «On voulait des passes pour le festival», a avoué sans gêne, Giselle Webber, à la base du projet.
Orkestar Kriminal est une bande voyous, comme ils aiment se définir, où les femmes sont majoritaires, les instruments diversifiés (violon, percussions, accordéon, guitare ou encore du cor) et où la chanteuse est quelque peu survoltée.
Polyglotte et n’ayant pas sa langue dans sa poche sur scène comme en dehors, cette chanteuse, Canadienne d’origine russe et yiddish, incarne l’esprit d’une formation multi-instrumentale se démarquant par l’originalité de ses paroles.
Elle explique ce choix, par un goût pour ce style depuis plusieurs années maintenant. «J’ai toujours aimé les vieilles chansons de criminels yiddish, a-t-elle confié en entrevue. J’ai toute une collection de vinyles venant de Grèce chez moi aussi, que des chansons de gangsters.»
«On était tous dans la même pièce, à ne pas devoir bouger, juste jouer, improviser avec une structure de base, a raconté Giselle. Ça prend, un certain style de musiciens, fiables avec un ego assez fort. Il faut pouvoir faire tout en live sans rien changer, c’est plus réaliste.»
Le public du Divan orange a découvert cet univers de malfrats, mais également une chanteuse qui joue totalement les chansons, car les textes sont incompréhensibles pour la plupart.
«Je suis consciente du fait que les gens dans la salle ne comprennent pas les paroles, a-t-elle dit. J’essaie de jouer ce que je suis en train de chanter, de jouer les paroles. Je suis très théâtrale.»
En effet, c’est le cas. Elle chante, mime, bouge, sursaute, bref vit ses chansons. Le public réagit aux rythmes des instruments tout en prêtant un regard aux arabesques de la chanteuse.
Orkestar Kriminal aime jouer ensemble et ça se ressent. De plus, une convivialité musicale se partage avec le public. C’est festif et même si les chansons parlent de drogue, de vols ou de crimes, un esprit de légèreté se diffuse.
Quand on demande à Giselle quel est le meilleur endroit pour jouer, sa réponse est d’une authenticité sans équivoque: «On veut jouer gratuit pour les gens, dans la rue, n’importe où, mais dans la rue».
Une chose est sûre, que ce soit sur scène, dans la rue ou ailleurs, Orkestar Kriminal est un joyeux bordel qui ne peut laisser indifférent, avec un vent de fraîcheur sur la scène montréalaise.
La suite arrive très vite pour eux, puisque leur musique des années 20 et 30 à rythmer tout l’été le Québec à travers plusieurs festivals. Le groupe prépare également la sortie d’un vidéoclip dans les mois prochains pour prolonger l’envie de tous ceux qui veulent découvrir un univers musical déjanté.