Sélectionné dans la catégorie Documentaires – moyens-métrages, le documentaire Ken Bugul a été programmé, à Montréal, dans le cadre du Festival international de cinéma Vues d’Afrique 2015.
Durant 62 minutes, la Suissesse Silvia Voser fait découvrir l’âme tourmentée de l’écrivaine Ken Bugul aka Mariètou Mbaye.
Cette femme de lettres sénégalaise n’a pas choisi son pseudonyme sans raison. En wolof, Ken Bugul signifie celle dont personne ne veut. Et c’est ce sentiment qui l’habite depuis sa naissance.
Dernière de sa famille, son père avait 85 ans lorsqu’elle a vu le jour. Cet écart générationnel avec le reste de sa famille a instauré une sorte d’exclusion.
Ce sentiment s’est accru lorsqu’après plusieurs années passées en Europe, elle est retournée vivre au Sénégal. L’accueil des Dakarois et de sa famille est alors extrêmement froid. Trop libre à leur goût, Mariètou Mbaye n’entre pas dans le moule.
« Je me suis marginalisée avec mon mode de vie, mais cela me convient parfaitement. »
Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette solitude lui offre également une liberté dont elle ne peut se séparer. C’est donc de cela qu’il est question dans ce documentaire : de liberté. Et c’est par le biais de son alter ego Ken Bugul que cette femme parvient à déployer ses ailes.
L’écriture lui apporte un bonheur et une sérénité qui se lisent même sur son visage lorsque la caméra la capte en pleine séance de travail.
« J’aime la solitude. C’est dans la solitude que je suis libre. Cela me permet d’écrire. »
Le témoignage de Ken Bugul / Mariètou Mbaye est saisissant et pas du tout misérabiliste. Des plus attachantes, le téléspectateur ne sortira pas de la projection indemne. Gageons même que nombreux d’entre eux se précipiteront dans les librairies à la recherche de ses œuvres. Car l’auteure manie la langue française avec force et philosophie.
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