Publié en janvier 2015, chez Plon, D’ambre et de soie de l’auteure Nedjma est un puissant roman sur l’amour impossible entre un homme et une femme que tout unit et sépare à la fois.
Les héros de ce roman de 200 pages sont Badra et Karim. «Sultane de sa propre vie et seule comptable en amour», cette femme est un peu Hadjala (terme qui désigne à la fois la veuve et la prostituée), mais surtout pas une Kahba (prostituée), au sens le plus proche (propre) du terme.
Dans le petit patelin d’Imchouk, la Berbère, Badra a fait son nid. Sa précédente idylle avec un certain Driss l’a rendue «veuve», sans altérer aucunement sa soif d’indépendance.
Entre un possible acheteur de sa propriété, Français et qui lui a rappelé qu’elle était «programmée pour baiser», et des villageois de ce coin de pays qui la surveillaient «sourcilleusement», certains, barbus aux regards férocement affamés, Badra est en proie à une profonde crise d’identité.
De son côté, Karim est un pur produit arabe, fils du Makhzen (l’administration marocaine). Devenu journaliste en France, il collectionne les conquêtes surtout Roumis (étrangères, essentiellement chrétiens d’Occident). C’était sans compter sur une certaine M.
Malika, cette dernière Algérienne, a vite fait de conquérir le cœur du jeune garçon, même si elle n’en voulait pas. Pourtant, Badra était de son sang, de sa race, de sa religion.
Ce troisième roman de Nedjma a le mérite de proposer une réalité peu connue du royaume chérifien.
«Et pourtant. Des femmes, j’en avais connu avant de rencontrer M. Je passais même pour le don Juan de la Maison de la Radio, les Françaises raffolaient de moi et je raffolais d’elles.»
Nedjma est l’auteure de La traversée des sens (2009), ainsi que de L’Amande (2004), « premier roman érotique écrit par une femme musulmane » selon la maison d’édition Plon. Dans ce livre, l’auteure révèle le parcours « incandescent de Badra, jeune à l’époque, en la jeune et ose une transgression du tabou du sexe.