Moins de quatre mois avant l’ouverture de l’École nationale de l’humour d’Haïti, le festival Juste Pour Rire a tenu la troisième édition de HaHaHaïti, le 19 juillet, au Théâtre Maisonneuve.
Animée par Mehdi Bousaidan, efficace et corrosif à souhait, la soirée a vu défiler plusieurs humoristes et des surprises de tailles, à commencer par la costaude équipe de hockey d’Haïti, championne du monde hockey-balle.
Elle s’est présentée sur scène à la fin de la courte, mais puissante prestation du chanteur américain d’origine haïtienne, Wyclef Jean, membre du groupe Fugees, et accessoirement ancien candidat à la présidence de la perle des Antilles.
Ce dernier a surpris l’assistance en y allant de révélations touchantes sur son parcours, de son coin perdu sans électricité en Haïti à la vie trépidante américaine, à Brooklyn à ou il a été la cible d’une arme à feu, pour la première fois à 13 ans.
Wyclef Jeannelle Jean a raconté, surtout en créole, ses premiers pas difficiles dans ce qui était alors son nouveau pays. Il a aussi confié à l’auditoire, à 90 % créolophone, comment son père est resté aux É.-U. après la fin de son visa, tout en disant à la blague de Donald Trump n’allait pas aimer cette histoire.
A
Le Congolais d’origine, Eddy King, a aussi fait une apparition, avant son passage au Gala de la paresse. Il a essayé d’ailleurs de convaincre que les Noirs, qu’ils soient Haïtiens ou Africains, n’était pas plus paresseux que les autres. Au contraire, a-t-il mentionné, cinq minutes de retard, ça valait bien les centaines d’années d’heure supplémentaire de travail…
Le Québégalais Boucar Diouf a aussi été bon dans le rôle de celui qui finalement montre que la diversité est un plus pour toute société et dans celui qui sait fédérer toutes les cultures. «L’Africain roule ses R, l’Haïtien roule son taxi et le Jamaïcain roule son joint», a-t-il souligné, non sans une pointe d’humour.
C’est sans aucun doute l’immortel Dany Laferrière qui a le mieux illustré en recevant l’insigne de Compagnon des arts et des lettres du Québec des mains de Marie Côté, présidente du conseil d’administration du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). Touché, l’immortel a milité pour plus de double culture dans le monde. «Je dédie ce prix à tous ceux qui arrivent», a-t-il dit.
Garihanna Jean Louis est récipiendaire d’une bourse d’études de deux ans en automne prochain à l’École nationale de l’humour de Montréal. Elle a su détendre l’atmosphère en racontant pourquoi avec son passeport canadien, elle s’est installée en Haïti tandis que le jeune homme a ri de sa grand-mère.
Le public a également eu droit à l’humoriste féminine montante Katerine Levac, à Marie-Lyne Joncas ainsi qu’au Français Alban Jouvin qui s’est permis cette belle phrase en hommage à la perle des Antilles: «chaque Haïtienne est une perle».
Jacques Bourjolly, mieux connu sous le nom de Kako, et Christina Guerin ont préparé une belle mise en scène pour ceux qui parlaient créole.
Reste que l’animateur de la soirée Mehdi Bousaidan a été très impliqué, concentré et juste dans cet exercice de maître de cérémonie.
Présentée par Juste pour rire, l’École nationale de l’humour et le consulat général de la République d’Haïti à Montréal, la soirée-bénéfice HaHaHaïti a pour objectif principal de financer de la création de la première École nationale de l’humour en Haïti. Elle ouvrira ses portes, à Port-au-Prince, en novembre prochain.
Photos: Courtoisie, Facebook.