Active, sportive et travaillant dans le milieu de la Santé, la Montréalaise Aïssatou Sidibé a ressenti le besoin de parler des fibromes utérins afin de rencontrer, échanger, discuter et agir avec d’autres femmes qui vivent la même situation qu’elle. La Sénégalo-Mauritanienne d’origine a bien voulu répondre aux questions de Touki Montréal.
Qui est Aïssatou Sidibe ?
Je suis une jeune femme âgée de 32 ans,avec quatre fibromes diagnostic en novembre 2013 , dont le plus gros est de 6 cm. Je n’attendrais pas d’avoir la ménopause pour qu’on me retire mon utérus ou bien rencontrer des problèmes d’infertilité le jour ou je souhaiterais tomber enceinte. J’ai donc décidé de faire la guerre aux fibromes utérins.
J’utilise ma plume pour pouvoir donner du sens à cette maladie sans nom, mais aussi du sens et de la reconnaissance à ces femmes qui souffrent en silence en mettant des mots à leur « maux » de ventre en décidant de créer un blogue au nom de Fibromelles
Comment définissez-vous les Fibromes utérins ?
Ce sont des tumeurs non cancéreuses au niveau de l’utérus qui touche une femme sur cinq en âge de procréer, soit 20 % de la population féminine et pouvant aller jusqu’à 1 sur 3 des femmes noires.
Généralement ces fibromes ne posent pas de problème, mais peuvent gâcher le quotidien de nombreuses femmes à travers des symptômes très inconfortables comme des douleurs pelviennes, pesanteurs abdominales, saignements actifs lors des menstruations, mais aussi fausse couche et infertilité.
Quel est votre rapport avec cette maladie ?
J’ai vécu deux hospitalisations liées à ces fibromes : l’une pour anémie sévère nécessitant des transfusions sanguines et une autre pour une thrombophlébite profonde à cause de la pilule contraceptive, médicament de première ligne prescrit afin de diminuer le flux menstruel dû aux fibromes.
Cet effet secondaire m’a valu une semaine d’hospitalisation, un mois d’arrêt maladie, trois mois de traitement avec des contrôles sanguins aux semaines et l’impossibilité de reprendre la pilule à vie.
Vous avez décidé de vous impliquer pour cette cause. Pourquoi ?
En allant sur le terrain, je suis je me suis aperçue que beaucoup de femmes ne connaissaient pas les fibromes et en faisant des recherches sur internet et dans les organismes de santé j’ai pu constater le manque cruel d’information. Il existe des centres spécialisés aux États-Unis, en Afrique, des associations en France, mais qu’est qu’il y a au Québec ?
Dans la majorité des cas les fibromes sont sans symptômes et du jour au lendemain ils peuvent devenir problématiques. Le besoin de sensibiliser la population à travers les médias en partie est devenu indispensable à mes yeux.
Infirmière de profession loin du domaine gynécologique, avant de tomber malade je ne savais absolument pas ce que c’était. Maintenant que je le sais je souhaite rattraper le temps perdu, car il n’est jamais trop tard et d’aider d’autres femmes comme moi dans le besoin
Un dernier mot ?
Avec du recul je m’aperçois que toute seule les choses ne peuvent se faire. L’idée de monter un collectif, voire une association, pour défendre le droit à la santé est nécessaire afin de représenter l’ensemble de ces femmes qui crient en silence sans être entendues.
Il est primordial que le Fibrome soit reconnu en tant que véritable enjeu de société et de Santé publique par le corps médical, les gynécologues, les médias, les médecins traitants, les personnes non concernées directement, mais aussi les femmes atteintes elles-mêmes de fibrome.
Les fibromes touchent deux à trois fois plus la femme noire, il est de notre devoir d’informer et de sensibiliser la communauté africaine du Québec, mais partout ailleurs de cette problématique à travers une campagne de communication.
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