Présenté en première mondiale à Montréal, lors de la soirée d’ouverture de la 39e édition du Festival des Films du monde, Muhammad : The Messenger of God de Majid Majidi est un film aussi polémique qu’intriguant sur une partie de la vie du prophète.
Il aura fallu sept ans au cinéaste Majid Majidi pour faire son film Muhamad, doté d’un colossal budget de 40 millions, ce qui en fait la plus grosse production iranienne de tous les temps.
Le long métrage – véritablement long (près de 3heures) – raconte la vie du prophète Mohamed d’un peu avant la naissance jusqu’à ses 13 ans. S’il est difficile pour les non initiés à cette religion de se faire une idée objective sur le scénario, il n’en demeure pas moins que le film est dans la même lignée de ceux sur Moise, Jésus Christ ou encore plus récemment de La passion du christ, sans aucun doute l’expérience contemporaine la plus proche en tout point.
« Ce film décrit à travers le regard de Mahomet, de sa naissance jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de treize ans, l’époque païenne durant laquelle l’oppression, la cruauté et l’injustice régnaient. »
Les décors sont fastes et semblent réalistes, tout comme l’atmosphère et les costumes. La réalité de nourrice bédouine qui allaite des enfants loin de leur mère, le commerce des caravaniers au centre de l’activité économique ou encore la vente d’esclave sont des faits historiques assez bien illustrés.
Il y a aussi beaucoup d’effets spéciaux, que la production a relativement bien réussi à dissimuler, ici et là, quand c’était possible. L’une des scènes les moins probables reste sans doute celle des oiseaux dans le ciel lançant des pierres à l’armée abyssine à l’assaut d’une Mecque sans la moindre défense, quelques semaines avant la naissance du prophète.
Autant se le dire, qualifier ce film de propagande est aussi simple et faire preuve de mauvaise fois que de dire… le contraire! Ce qui est vrai, c’est que le cinéaste Majid Majidi s’est donné comme mission à travers son œuvre de montrer « la vraie image de l’islam ».
Le film montre effectivement la question amitié et surtout de l’amour que portent plusieurs membres de la famille au tout jeune prophète. Sur le budget qui semble pharaonique, le réalisateur a assuré qu’il s’agissait avant tout d’un investissement de l’État (ou du régime…) dans un secteur, le cinéma, qui manquait cruellement de financement et de matériel.
Majid Majidi a souligné que le complexe cinématographique qui avait été construit tout comme la réplique de la ville de la Mecque allait assurément servir à d’autres productions, probalement à la suite du film. Il a même indiqué que les cinéastes qataris qui s’apprêtaient à se lancer dans la production d’un film sur la vie de Mahomet pouvaient aussi profiter de ses investissements.
Même s’il a expliqué que pour les besoins du film, il a fallu s’appuyer sur des théologiens des deux branches, le fait qu’on entende Mahomet et que l’on voie sa silhouette et son corps (mais jamais le visage) sera assurément un point de discorde dans certains pays, particulièrement en Égypte et en Arabie Saoudite.
À la question de savoir si l’interprétation du rôle de la mère du prophète avait été un défi, l’actrice Mina Sadati, sourire aux lèvres, a dit avoir pris du plaisir. « C’était un honneur », a-t-elle dit. Son jeu d’acteur, tout comme celui de Mehdi Pakdel qui joue le rôle de Abu Tâlib sont à mettre du côté des points positifs de ce long métrage de 171 minutes, présenté hors concours.
comment voir le film merci touki