«Love in vain»: une BD qui respire le blues

Pour rendre hommage à Robert Johnson, une légende du blues, le scénariste Jean-Michel Dupont s’est allié au dessinateur Mezzo pour coucher sur papier la vie tumultueuse et fulgurante de cet Afro-Américain qui a laissé son empreinte indélébile sur ce style musical.

La bande dessinée «Love in Vain», publiée chez Glénat, est donc le fruit de cette collaboration. Au fil des 56 pages, nous découvrons la vie brève et mouvementée de Johnson de sa naissance à Hazlehurst, petite bourgade du Mississippi, jursqu’à sa mort à l’âge de 27 ans à Greenwood, toujours dans le Mississippi, dans le dénuement le plus total.

LoveisVainVénéré par nuls autres que Jimi Hendrix, Bob Dylan, Keith Richards ou encore Eric Clapton, Robert Johnson est un «bluesman» et guitariste américain qui a marqué son époque, dont l’incroyable talent sera reconnu à sa juste valeur bien plus tard après sa mort.

En 2003, le magazine «Rolling Stone» le classe cinquième meilleur guitariste de tous les temps derrière Jimi Hendrix, Duane Allman, B.B. King et Eric Clapton. Ce dernier lui a même consacré un album hommage «Me and Mr. Johnson», alors que les Rolling Stones ont repris son titre «Stop Breakin’ Down Blues» en 1972.

Un musicien façonné par les épreuves de la vie

Abandonné par son père, ensuite par sa mère qu’il retrouve plus tard en compagnie d’un autre homme, la vie du jeune Robert Johnson ne ressemble guère à un conte de fée. À cela s’ajoutent les décès de sa femme Virginia, morte en couche, et celui de son bébé alors qu’il n’a que 19 ans. Ces épreuves de la vie contribueront à faire de Robert Johnson le grand «bluesman» qu’il est devenu.

C’est grâce à une vie de bohème, ponctuée de tournées, de femmes et d’alcool, que le jeune homme se fera connaître. La musique l’aidera à exorciser tous ses démons. Le diable, avec lequel il aurait conclu un pacte un soir d’errance sur une route du Mississippi, tient justement une place de premier ordre dans la BD… (Le musicien prétend lui-même devoir son incroyable talent à la guitare grâce à son pacte avec celui-ci).

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«Love in Vain» est une bande dessinée qui fait la part belle à la musique (des paroles apparaissent ça et là au fil des cases). C’est une BD qui respire le blues et qui se savoure avec un bon disque de Robert Johnson en musique de fond.
Photo: robertjohnsonbluesfoundation.org

Elle nous plonge au coeur des années 20 et 30. Des années certes insouciantes, mais qui furent tout de même durement touchées par le krach boursier d’octobre 1929. Autre détail qui a son importance: l’ombre de la ségrégation raciale ne plane jamais trop loin dans le Mississippi de cette première moitié du 20e siècle.

Cet album, publié à l’horizontale au format italien, est soigné et épuré. Chaque case ressemble à une véritable oeuvre d’art tant Mezzo est méticuleux et porte une attention particulière aux détails.

Le livre évite également l’hagiographie, car il dépeint un personnage complexe, torturé et profondément humain avec tous ses défauts. Cette BD plaira autant aux mélomanes amateurs de blues qu’à ceux qui désirent découvrir ce style musical.

Petite mention spéciale pour le «song book» qui occupe les dernières pages de l’ouvrage. Il répertorie les paroles ainsi que les traductions de sept pièces très connues de Robert Johnson telles que «Come On In My Kitchen», «Cross Road Blues» ou encore «Sweet Home Chicago».

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