Prix Renaudot en 2012 pour son ouvrage Notre-Dame du Nil, la romancière Scholastique Mukasonga revient en ce début d’année avec Cœur tambour (Gallimard), une incursion mystérieuse dans l’univers des mythes de son pays natal, le Rwanda.
L’auteure devenue Normande depuis années raconte l’histoire de Prisca, une chanteuse rwandaise, dont le destin est étroitement lié à celui d’une reine de son pays, Nyabinghi, princesse guerrière qui pendant les années de colonisation va mener la vie dure aux occidentaux.
L’histoire se déroule essentiellement en deux temps. L’épopée glorieuse de Prisca, devenue Kitami, chanteuse respectée qui fait le tour du monde avec ses musiciens américains, jamaïcain et caribéen. Puis dans une deuxième partie antéunième, l’auteure retrace le parcours d’une jeune fille qui grandit dans une famille simple et à la quête d’un quelque chose qui se révélera finalement, au plus grand malheur de ses parents.
Dans ce déc
Cette famille de «cafards», de «nuisibles», d’«Inyenzi» ressemble finalement à la plupart des personnages que Mukasonga a exploités dans son œuvre.
L’écrivaine fait voyager le lecteur du Rwanda à la Caraïbe, de Cuba à l’Amérique, et de l’abstrait africain au concret occidental.
Cependant, ici comme là-bas (et/ou l’inverse), bref dans le monde d’hier à aujourd’hui, s’il y a une seule chose qui unit l’humanité, peu importe les différences: c’est le cœur. Et dans ce sublime ouvrage de 178 pages, qu’il faut lire malgré les quelques envies d’ailleurs qui guetteront, Scholastique Mukasonga réussit le pari de faire accepter aux lecteurs sans qu’il rechigne que le tambour est un peu le centre de l’univers et l’élément vital qui tient la société.