Kamasi Washington, l’un des nouveaux ambassadeurs du jazz moderne, a fait vibrer le Métropolis de Montréal au son de son saxophone, entouré d’une pléiade de talentueux musiciens qui en ont mis plein la vue au public. Récit d’une soirée haute en couleur.
C’est un accueil triomphal qu’a réservé le public montréalais à ce saxophoniste ténor, ses cinq musiciens et sa choriste lors de leur arrivée sur scène, peu après 21 heures.
Coiffure afro, tenue blanche ample parsemée de dorures, quelques colliers autour du cou… Kamasi Washington s’est présenté à l’auditoire en toute décontraction. Mais le public, composé majoritairement de jeunes gens dans la vingtaine et la trentaine, lui a offert une salve d’applaudissements digne d’une «rock star».
Le musicien de 35 ans originaire de Los Angeles, qui a tout même collaboré avec Kendrick Lamar, Snoop Dogg, Rafael Saadiq ou encore Flying Lotus (excusez du peu), est par la suite passé aux choses sérieuses en interprétant son entêtant morceau Change The Vanguard, l’une des pièces maîtresses de son triple album The Epic de près de trois heures qui mérite bien son nom.
Tout semble si simple lorsqu’il se retrouve aux commandes de son saxophone. Sur Re Run Home, autre morceau bien connu de son disque, l’artiste américain ne faisait plus qu’un avec son instrument de prédilection.
Seul, Kamasi est un vrai virtuose. Mais c’est avec son band West Coast Get Down que la magie prend une tout autre dimension. Comme il l’a confié sur scène, ses musiciens sont avant tout ses amis qu’il connaît depuis son enfance.
Il y avait Tony Austin et Leon Mobley à la batterie et aux percussions; Miles Mosley à la contrebasse; Brandon Coleman aux claviers; Patrice Quinn au chant; Ryan Porter au trombone, sans oublier Rickey Washington, son père, «l’homme qui lui a tout appris», à la flûte traversière.
Ce qu’il y a d’admirable avec Kamasi Washington, c’est qu’il n’hésitait pas à laisser la place à ses musiciens pour qu’ils montrent toute l’étendue de leur talent. Tous, sans exception, ont eu droit à leur petit moment de gloire sur scène grâce à d’impressionnants solos enflammés.
L’affrontement entre les deux batteurs constitue sans l’ombre d’un doute l’un des moments les plus mémorables des deux heures de spectacle.
«Elle n’avait pas beaucoup d’argent, mais elle a aidé beaucoup de gens», a-t-il confié à la foule, avant d’entamer cette chanson sirupeuse, aidé par la voix de velours de sa choriste.
Le jazz éclectique de Kamasi Washington teinté de blues, de funk, de hip-hop et d’un soupçon d’électro 8bit par moments, avait de quoi plaire autant aux amateurs de jazz pur et dur qu’aux néophytes qui l’ont découvert grâce à Kendrick Lamar et son disque To Pimp A Butterfly, auquel il a participé.
Un très bon moment en excellente compagnie!
[youtube]https://youtu.be/_xTdUQHGYjg[/youtube]
Crédit Photos: John Nais