Programmée cet été au Festival international de jazz de Montréal et à Nuits d’Afrique, la Montréalaise Lorraine Klaasen se dit comblée de cette opportunité de faire rayonner la musique de son Afrique du Sud natale.
En avril 2013, Lorraine Klaasen est resplendissante lors d’une cérémonie des Prix Juno au Brandt Centre de Regina, en Saskatchewan. Avec son album Tribute to Miriam Makeba, elle vient de rafler le prix du meilleur album de musique du monde de l’industrie de la musique canadienne devant Alex Cuba, Danny Michel, Jaffa Road et The Souljazz Orchestra Solidarity.
Trois ans plutard, la Sud-africaine se remémore avec bonheur cet instant. «Quand j’ai gagné les Juno, pour moi, c’était une étape très importante, particulièrement pour ma carrière puisque ce prix validait ma carrière de ce côté de l’océan», confie l’artiste, rencontrée à la Maison du Jazz, un mois avant l’édition 2016 du Festival de jazz.
Lorraine Klaasen est d’autant plus fière de cette récompense puisque l’album primé rendait hommage à Miriam Makeba, «une grande Dame, une Femme, une Artiste, une ambassadrice pour la musique sud-africaine et pour le monde entier».
«Cet album est très personnel pour moi. Il n’a rien à voir avec le précédent », prévient d’emblée Lorraine Klaasen. Nouvelle journée est sorti au printemps dernier sous l’étiquette Justin Time.
«Ça parle de ma vie, assure-t-elle. Comme le titre dit, c’est une nouvelle journée, un nouveau départ pour moi.»
Si cet été, lors de ces spectacles, elle va jouer certaines chansons de son album hommage à Makeba, c’est surtout dans son nouvel opus qu’elle pigera.
Sur l’album Lorraine rend hommage à sa maman, Thandie Klassen, en reprenant sa chanson Izani Nonke.
Lorraine souligne au passage que sa mère, une des chanteuses préférées de Mandela, a eu à de nombreuses reprises l’occasion de chanter pour lui, entre autres, à son mariage et lors de son anniversaire. «J’ai eu la chance de chanter pour Nelson Mandela quand il était au Canada», mentionne-t-elle aussi.
La musique comme thérapie
Maintenant que ses deux filles volent de leurs propres ailes (elle en est très fière), Lorraine a choisi d’aller prendre soin de sa mère qui a eu un accident vasculaire cérébral, l’année passée.
Le plus grand cadeau que sa mère lui a donné, c’est la musique, assure-t-elle. «C’est sa passion», dit-elle à propos de sa mère âgée de 86 ans.
Et cet héritage, elle le conserve précieusement. «Quand je suis retourné en Afrique du Sud après l’ACV, j’ai remarqué qu’elle avait de difficulté à communiquer. Mais dès que j’organise un spectacle, elle change. » «La musique, c’est très thérapeutique », lâche-t-elle.
« Mes petits enfants qui sont nés ici comprennent et parlent les langues [de chez nous]. C’était important. Comme une personne qui voyage partout, il était inconcevable que moi je chante dans mes langues africaines en voulant que le public me comprenne alors que mes enfants ne comprennent pas. Ça n’a pas de bon sens. »
Comme sa mère, Lorraine voue une véritable passion depuis toujours pour la musique. « La musique pour moi, c’est comme manger. Ce n’est pas un costume que je porte et j’enlève. C’est coller dans ma peau», dit-elle.
« Si je reste vivante, j’espère que cette passion ne va jamais diminuer », ajoute-t-elle.
Cette passion, elle le vivra cet été dans deux formats, gratuit en extérieur au Festival de jazz, grâce à quoi elle a pu se faire connaître du grand public et en salle, au Balattou, à Nuits d’Afrique.
« C’est très rare de faire deux spectacles dans la même ville quasiment de suite », fait-elle remarqué.
Lorraine Klaasen insiste beaucoup sur ce rôle de modèle que portent parfois les musiciens auprès de nouvelles générations. Elle donne d’ailleurs l’exemple dans son métier et déplore par exemple que certains artistes n’aient pas toujours ce réflexe.
La chanteuse souligne notamment qu’elle a toujours voulu donner la place aux jeunes. Son batteur, lors de son spectacle au jazz, elle le connaît depuis qu’il a 3 ans. Les filles qui vont l’accompagner sont aussi des jeunes, précise-t-elle.
« Il faut donner une chance aux jeunes artistes qui peuvent profiter de l’exposure et de l’expérience. Ça donne le courage et la confiance de jouer sur des scènes plus grandes. »