Quatre ans après la sortie de «Bad 25», qui soulignait le 25e anniversaire du disque «Bad», paru en 1987, Spike Lee revient avec un nouveau documentaire sur Michael Jackson. Cette fois-ci, le réalisateur de «Do The Right Thing» s’attaque à «Off The Wall», premier album solo du roi de la pop, sorti en 1979.
Intitulé «Michael Jackson’s Journey From Motown To “Off The Wall”», le documentaire de 93 minutes a été présenté en première canadienne, samedi, au Festival du film Black de Montréal, au Theatre Hall de l’Université de Concordia.
Dans ce film, Spike Lee expose, comme son nom l’indique, comment Michael Jackson est passé du petit garçon talentueux des Jackson 5 qui a fait le bonheur de l’écurie Motown à l’artiste accompli qu’il est devenu en sortant «Off The Wall», son premier album solo sorti en 1979 sous l’étiquette Epic Records et réalisé par Quincy Jones alors qu’il n’avait que 20 ans.
Des invités de marque
Le documentaire est composé d’une multitude d’images d’archives (entrevues de Michael Jackson, extraits de vidéoclips, images de concerts), d’entrevues de ses parents Katherine et Joe Jackson, certains de ses frères (Marlon, Jackie) et de ses collaborateurs sur le disque.
L’absence remarquée d’autres membres de la fratrie Jackson comme Jermaine, La Toya ou encore Janet n’est pas passée inaperçue. Lorsqu’un spectateur lui en a demandé la raison lors de la session questions/réponses organisée après la projection du film, Spike Lee a tout simplement évoqué une «dynamique familiale particulière».
Une pléiade de prestigieux artistes contemporains vient également agrémenter le documentaire. Ils y racontent à quel point «Off The Wall» a changé leur vie à un moment ou à un autre. On peut notamment citer Mark Ronson, Pharrell Williams, John Legend, Lee Daniels, Rodney Jenkins, Kobe Bryant ou encore The Weeknd qui a trouvé sa voix de fausset grâce «Don’t Stop ‘Til You Get Enough», titre phare du disque.
La musique avant tout
Alors que Michael Jackson a été empêtré dans différents scandales durant les dernières années de sa vie, Spike Lee a décidé de mettre l’accent uniquement sur sa musique dans son film.
Ce documentaire musical se concentre donc sur son génie musical: son sens du spectacle, ses talents d’auteur-compositeur-interprète, de danseur. «J’ai fait ce film parce que j’aime Michael Jackson et sa musique. C’est tout», a expliqué Spike Lee à l’auditoire du Theatre Hall de l’Université de Concordia.
De «Don’t Stop Till You Get Enough», à «Rock With U» en passant par «Off The Wall» ou encore «She’s Out Of My Life»; les 10 morceaux de l’album sont décortiqués et le spectateur a droit à la petite histoire qui entoure la création de telle ou telle piste. Rythmiques, paroles, influences… Rien n’ai laissé de côté.
Il voulait être le meilleur
Le film met également en lumière le côté travaillant et extrêmement compétitif de l’artiste depuis son plus jeune âge. Alors qu’il était sous l’étiquette Motown avec ses frères dans leur groupe les Jackson 5, le jeune Michael observait et apprenait des grandes pointures de l’industrie comme Diana Ross sa «marraine», Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Commodores…
«Il voulait être le meilleur dans tout ce qu’il faisait» se souvient Berry Gordy, l’homme qui se cache derrière la création de l’écurie Motown. De toute façon, Michael Jackson ne s’en cachait pas. «Écouter et observer sont les meilleures choses à faire si on veut avoir du succès», peut-on l’entendre dire dans un extrait d’entrevue.
Le documentaire aborde également les difficultés auxquelles Michael Jackson a été confronté en tant qu’artiste afro-américain. Les stations de radios grand public ont d’abord été frileuses à l’idée de diffuser les titres de «Off The Wall», car il était catégorisé comme un artiste RnB.
Mais le succès du disque a été tel qu’ils n’ont pas eu d’autre choix que de suivre la vague. Bien qu’il soit paru en pleine période disco, «Off The Wall», qui a été réalisé par Quincy Jones, est un disque qui mélange les genres: disco, funk, soul, RnB, pop… «La musique n’a pas de couleur», a-t-il martelé dans le film.
Mais le réalisateur reste néanmoins prudent. «Rien n’est encore décidé à ce sujet, je croise les doigts pour que ça arrive», a-t-il soufflé au public, avant de parler de l’adaptation de son film «She’s Gotta Have It» en une série télé pour Netflix dont la date de sortie est encore inconnue.
En somme, «Michael Jackson’s Journey From Motown To “Off The Wall”» est un documentaire musical réussi qui plaira sans nul doute aux amateurs de Michael Jackson et à tous ceux qui souhaitent redécouvrir les débuts de sa prolifique carrière.