Avec son roman Bled, publié à la fin de l’année 2016 chez la maison d’édition Seuil, le Guinéen Tierno Monenembo transpose son lecteur dans l’Algérie des années 80.
L’héroïne de l’ouvrage, Zoubida, fuit son passée à la recherche d’un bonheur et d’un peu d’espoir pour son fils. Elle est pourchassée par son père et les gens de son village qui estiment qu’elle les a déshonorés. Tel est la trame linéaire du roman.
Pour le reste, Zoubida, la pécheresse, raconte ses aventures à son tonton Alfred, un Camerounais qui s’est retrouvé dans ce coin du monde après une formation de révolutionnaire.
En Algérie comme au Cameroun, les Français ont dû faire face à une résistance ardue. Pour obtenir leur indépendance à cette époque, les nationalistes allaient se former à la guerre et au contre-espionnage à l’étranger, notamment à Cuba. C’est le cas de ce Camerounais qui s’est donc lié d’amitié avec le père de Zoubida, qui a dû faire la guerre d’Algérie.
Ce clin d’oeil à l’histoire est une des superbes idées de Tierno Monenembo, rappelons-le, Prix Renaudot 2008 avec son ouvrage Le Roi de Kahel.
Alfred, ce tonton de la famille, apprends donc dans ce récit la dure existence de Zoubida, de sa famille où la communication a été rompue à jusqu’à ses barreaux écoutant un de ces sauveurs, en passant par la luxueuse prison dorée de son bourreau Mounir. Il y a bien évidemment son histoire d’amour avec Loic Pouliquen, aussi Français qu’Algérien, tout comme son père…
N’en disons pas plus.
Bled est un chef d’oeuvre qu’il faut lire pour le talent littéraire de son auteur, pour les personnages aussi bien attachants que détestables et pour l’histoire de l’Algérie qu’il nous raconte si merveilleusement.
Natif de Guinée, Tierno Monénembo a choisi l’exil dès 1969. Il a publié de nombreux romans au Seuil, donc Les Crapauds-brousse qui l’a révélé en 1979, L’Aîné des orphelins (2000) et, plus récemment, Le terroriste noir et Les coqs cubains chantent à minuit.