Dans son ouvrage autobiographique Born a crime (éditions Double Day Canada), Trevor Noah nous plonge dans ce qui a été son quotidien de jeune métisse dans la banlieue de Johannesburg pendant et après le régime de l’apartheid.
Né d’une mère noire sud-africaine de l’ethnie Xhosa et d’un père blanc de nationalité suisse, l’homme fort du Daily Show, populaire émission de fin de soirée aux États-Unis, est le fruit d’une union interdite (les relations interraciales étaient interdites sous l’apartheid et étaient condamnables de cinq ans de prison).
«Alors que la plupart des enfants sont la preuve de l’amour de leurs parents, moi, j’étais la preuve de leur criminalité », peut-on lire dans la première partie du livre.
Même si aux yeux des autres il n’était ni Blanc, ni Noir (les métisses ou «colorés» [colored en anglais] faisaient partie d’une catégorie à part sous le régime de l’apartheid), Trevor Noah a « choisi son camp » quand il était jeune : il s’est toujours considéré comme Noir.
«Le racisme existe et tu dois choisir ton camp. Tu peux te dire que tu ne choisis pas ton camp, mais la vie va immanquablement te pousser à en choisir un», écrit-il dans la troisième partie.
Le racisme et l’apartheid tiennent donc une place importante dans l’ouvrage du comédien sud-africain. D’autres problématiques, liées à la classification entre les «races» issue de l’apartheid, sont également mises en lumière : à savoir la pauvreté parmi la population noire, un système d’éducation à plusieurs vitesses, l’état policier et les violences qui en découlent…
Mais cet ouvrage autobiographique relate avant tout l’histoire d’un jeune garçon métisse qui s’est toujours senti à part. Un jeune garçon qui a toujours pu compter sur sa mère, une femme intelligente, rebelle et déterminée, qui a fait tout son possible pour sortir son fils du cercle vicieux de la pauvreté et de la violence.
Born a crime se dévore comme un roman. L’ouvrage réunit tous les ingrédients qui vous feront tourner les pages frénétiquement : des personnages hauts en couleur, de l’humour (beaucoup d’humour) et même une dose de suspens.
Les nombreuses tranches de vie contées par Trevor Noah sont tour à tour hilarantes, touchantes, inspirantes, poignantes, voire révoltantes.
Les deux derniers chapitres, qui traitent respectivement de son séjour en prison et de la vie de sa mère, sont deux grosses claques qui vous feront réaliser qu’il s’en est fallu de très peu pour que la vie du comédien de 33 ans prenne une tournure totalement différente.