Max Lobe avait habitué son public à voyager à travers ses récits. Il récidive encore avec son nouveau roman, Loin de Douala, publié toujours aux éditions Zoé, et dans lequel il zigzague entre les ruelles et les affres de la capitale économique de son Cameroun natal.
Dans cette œuvre succulente qui rend magnifiquement compte de la riche et complexe société camerounaise, l’auteur raconte la vie d’un jeune homme (Jean) qui vient de vivre deux évènements à l’opposé: d’abord la joie avec l’obtention d’un diplôme et la tristesse avec la mort de son père.
Il y a aussi dans la famille, la mère qui adore son autre fils, le grand frère Roger (Il a le même prénom que le footballeur Milla) qui rève d’une carrière dans les plus grands clubs européens. Ce dernier est le chouchou du papa, mais paradoxalement, il a une relation compliquée (c’est le moins qu’on puisse dire…) avec sa génitrice de maman.
Lorsque son père va rendre l’âme, cette relation complexe va pousser Roger à vouloir voler de ses propres ailes. Son chemin ne sera toutefois pas le plus facile, puisque comme les jeunes de cette génération, il va entreprendre le long périple dangereux de la traversée vers l’Europe qu’on appelle faire «boza».
Grâce à cette brillante capacité qu’à Max Lobe de saupoudrer son ouvrage de 176 pages de mots et d’expressions du vocabulaire camerounais, le lecteur aura comme souvent l’impression de vivre avec Jean… toutes ses innombrables péripéties.
Les thèmes abordés sont aussi actuels que poignants: migration, terrorisme, lassitude, jalousie, corruption, abus de pouvoir, incivisme et la liste pourrait être plus longue. Le spectre de l’homosexualité, encore et toujours tabou au Cameroun et passible de cinq ans de prison, est aussi omniprésent dans Loin de Douala.
En définitive, ce qui faut dire de cet ouvrage, c’est qu’autant les ressortissants de ce pays, de la diaspora ou non, que les simples curieux seront conquis par ce récit. Pourvu qu’ils se laissent porter par l’écriture, sans attendre une fin hollywoodienne à l’américaine.
Établi aujourd’hui à Genève, Max Lobe est l’auteur, toujours aux éditions Zoé, de 39 Rue de Berne (Prix du Roman des Romands (l’équivalent suisse du Goncourt des lycéens), La Trinité bantoue (2014) et de Confidences (2016) qui revient sur la guerre presque cachée de l’indépendance du Cameroun.