Avec la BD Kivu, Simon et Van Hamme plongent les lecteurs dans l’univers de la guerre au Congo et ses ravages sur les populations: enfants soldats, viol comme arme de guerre et, surtout, exploitation perpétuelle des richesses de ce pays d’Afrique centrale.
Dans cette histoire fictive, sauf exception de deux personnages, les auteurs décrivent avec tact, mais justesse, le sort de la République démocratique du Congo (RDC), qui n’a presque jamais connu les joies d’une vie calme et paisible.
Un jeune cadre un peu ambitieux est dépêché à Bukavu pour assurer le bon fonctionnement des affaires de l’entreprise, à savoir l’exploitation, au sens que vous voulez du terme, du coltan, ce minera qui a permis la croissance exponentielle des téléphones dits intelligents. Il faut savoir que la RDC détient entre 60 et 80 % des réserves mondiales de coltan.
Premier constat:c’est le Rwanda qui en est l’exportateur, mais c’est en RDC que tout se passe.
Le jeune François Danns arrive donc dans ce capharnaüm avec pour principale mission de remplacer l’ancien responsable de l’usine, un de ces pourris de militaires, consacré par on sait qui colonel. Il en en réalité un chef de milice qui droguent des enfants pour les plus sales besognes.
Pas plus con qu’un autre, le jeune ingénieur va tenter de naviguer entre truands et mercenaire et la réalité du terrain va s’imposer à lui et rapidement, il devra faire des choix difficiles qui lui éviteront ou pas de se retrouver dans un cercueil.
L’une des belles choses de cette BD est d’avoir trouvé une place dans l’histoire au gynécologue Denis Mukwege, héros national et prix Noël de la Paix 2018 pour ses soins donnés aux victimes de violences sexuelles, à l’hôpital de Panzi qu’on voit justement dans l’histoire.
Le propos de Kivu est inexorablement violent, mais reflète malheureusement la réalité de ce grand pays d’Afrique.
Le scénario est tout aussi solide tout comme les dessins et c’est tout à fait normal puisque le dessinateur Christophe Simon a pu suivre le Dr Mukwege et Guy-Bernard Cadière dans l’une de leurs missions à Panzi.
Par ailleurs, Jean Van Hamme a aussi pu compter sur les conseils de la journaliste Colette Braeckman, auteur de nombreux ouvrage sur la question et coauteur du documentaire l’Homme qui répare les femmes. C’est aussi elle qui a l’honneur de préfacer Kivu.
Enfin, les auteurs ont eu la brillante idée, qu’on ne voit pas souvent, d’expliquer le contexte et d’illustrer la région et la situation, au début de l’album.