Pour leur BD documentaire À bord de l’Aquarius, Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso ont fait le voyage aux côtés de l’équipage de ce navire de secours, constatant avec fracas la triste réalité du sauvetage des migrants/réfugiés dans les eaux internationales.
Dans cette BD de 128 pages, les auteurs abordent de front le rôle cruciale de ce navire de secours utilisé par l’organisme SOS Méditerranée qui s’occupe de ces gens abandonnés à leur sort dans les eaux internationales.
L’organisme a été créée en 2015 dans le but d’en finir avec les histoires de dizaines de milliers de personnes mortes noyées en tentant de fuir la Libye.
Rien qu’en 2017, grâce à cette action citoyenne, ce sont plus de 15 000 personnes, de 40 nationalités différentes, qui ont pu être sauvées.
Selon Médecins Sans Frontières, partenaire de SOS MÉDITERRANÉE, 2133 personnes sont décédées en Méditerranée en 2018.
Tout commence crescendo par l’arrivée de Marco Rizzo et Lelio Bonaccorso dans ce bateau humanitaire qu’on imagine pas si vivant et si grouillant de monde.
L’ouvrage est par moment violent et difficile, à l’image de la triste réalité. Tout comme un documentaire, les histoires tragiques de chacune des rencontres de duo journaliste/dessinateur s’entremêlent.
Certains fuient leurs pays en raison de la violence et de la guerre, d’autres à cause de la misère, mais il y a aussi les changements climatiques.
Il y a les subsahariens qui racontent l’enfer libyen. Le Libyen qui raconte l’enfer qu’il a vécu, en prenant la peine de dire que tout le monde n’est pas pourri. Ceux qui ont tout perdu, jusqu’à leur femme. Les enfants. Les maris, et les épouses, toujours et éternellement victime des pires souffrances.
Il y a aussi les tensions avec les autorités, notamment libyennes. Ces derniers accusent l’Aquarius d’entrer dans les eaux territoriales libyennes, mais l’association soutient que les gardes-côtes interviennent au-delà de leurs eaux territoriales.
Avec leur BD, l’enfer des eaux est raconté sans fioritures et les lecteurs comprennent aisément comment se joue le sort de ces gens et à quel point il ne tient qu’à peu de chose.
Bref, le résultat de ce récit documentaire est superbe, mais la réalité reste profondément difficile à accepter.
À la fin de 2018, les organismes MSF et SOS Méditerranée ont annoncé la fin des activités de l’Aquarius, tout en gardant l’espoir de retrouver un nouveau bateau en 2019.
Le navire, au centre de plusieurs procédures judiciaires, avait pourtant permis de sauver 30 000 personnes grâce à plus des centaines d’opérations d’aide et de transbordement.