La danse, c’est une manière de vivre, dit Zab Maboungou, Compagne des arts et des lettres du Québec

Danseuse, chorégraphe, professeure: Zab Maboungou est un des grands noms de la danse à Montréal et au Québec. Pas étonnant donc que son travail ait été reconnu par le Conseil des arts et lettre du Québec (CALQ), dont elle est compagne depuis peu.

 Photo: Alexandre Claude, CALQ

C’est la première fois que Zab Maboungou est honorée de cette façon au Québec, reconnaît la principale intéressée, en entrevue à l’émission Kaléidoscope sur Canal M.

C’est en répondant aux questions de l’animateur Fulgence Bla qu’elle s’est confiée sur son amour de la danse ainsi que sur la portée de son entrée à l’Ordre des arts et lettre du Québec.

Zab Maboungou est revenue sur son parcours qui s’étend sur trois continents, à savoir l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Nord. Si elle est née en France, c’est d’abord au Congo-Brazzaville qu’elle a grandi avant de devoir partir pour l’Hexagone. Comme de nombreux Africains, c’est un coup d’État qui l’a fait partir de son pays, son «père étant quelqu’un d’engagé».

La danse au cœur de l’univers

Puis, plusieurs années après, c’est à l’invitation d’un ami qu’elle a découvert ce côté-ci de l’océan avant de s’y installer finalement.

 Photo: Alexandre Claude, CALQ

Aujourd’hui, sa compagnie Zab Maboungou/compagnie Danse Nyata Nyata («piétine, piétine» en lingala) a pignon sur rue sur l’une des artères les plus prestigieuses et artistique de la métropole: le boulevard Saint-Laurent.

Ses cours, elle les a conçus pour sortir un peu la danse venue d’Afrique de l’exotisme. Quand on l’interroge sur la danse, Zab parle de massage corporel et mental.

«La danse, elle te place dans le monde, avance-t-elle […] Elle me permet d’envisager notre situation au monde. Elle me permet de l’interpeller et de la transformer. La danse pour moi est au cœur de tout ce qui est. Pour moi, l’univers danse.»

Danseuse née

Zab explique que «déjà, dès l’âge de 11-12 ans, je savais que la danse pour était essentielle et qu’elle ne me quitterait jamais».

«Je n’ai jamais craint ne pas pouvoir danser», confie cette passionnée, dont la compagnie existe depuis trois décennies, et qui finalisait alors les derniers préparatifs de la 20e édition du stage intensif d’été Tambours et Danse 2019 (25 juin au 6 juillet).

«Danser pour moi faisait partie intégrante de ce que j’allais devenir, dit-elle aussi. J’ai poursuivi mes études, mais tout en dansant en même temps, tout en apprenant la danse autant qu’on peut l’apprendre et continuer d’apprendre. Les choses se sont imbriquées une dans l’autre».

Et c’est le moins qu’on puisse dire parce que Zab Maboungou cumule les titres: Chorégraphe, interprète, philosophe, conférencière, enseignante et écrivaine. Elle est l’auteure du livre Heya ! Poétique, historique et didactique de la danse africaine, paru en 2005.

À juste titre, elle soutient que s’il y a une personne qui représente l’essence de ce qu’est un membre de l’Ordre des arts et lettre du Québec, c’est bien elle.

 Photo: Alexandre Claude, CALQ

Appartenance culturelle

«Je suis vraiment dans l’art et les lettres. Ça résume bien ma vie et tout ce que je conçois et ce dans quoi je m’engage», a-t-elle expliqué.

Lorsqu’on lui demande si cette distinction, qui fait d’elle maintenant une ambassadrice culturelle l’a changé, Zab assure que non, mais elle note une certaine surprise de la réaction des gens.

À propos de l’Ordre du CALQ, Zab salue cette initiative qui «manifestement vise à donner une dimension à l’art et à la culture et une dimension propre au Québec. Le Québec veut se donner cette dimension-là. C’est important», soutient la nouvelle Compagne.

«Il fait ressortir, je crois, un certain sentiment d’appartenance. Quand les gens m’ont appelée, c’est comme s’il se rassemblait autour de moi. Ils se trouvaient reconnus par moi. Sur ce plan-là, c’est vraiment intéressant. Il y a un effet d’appartenance culturelle, mais autour des arts et des lettres. Ce n’est pas du tout pour me déplaire», précise-t-elle.

«Je l’ai ressenti chez les gens qui m’ont félicitée, qui m’ont parlée», lance Zab Maboungou.

C’est d’ailleurs lors de la remise de l’Ordre à 17 personnalités et en marge des 25 ans du CALQ, en mai dernier, qu’elle dit l’avoir vu.

 Photo: Alexandre Claude, CALQ

«Les gens autour disaient, on n’a jamais vu ça. On n’a jamais vu une cérémonie de cette envergure, probablement parce qu’il y’avait des gens comme moi et (Rodney Saint-Éloi, également membre de l’Ordre)», a-t-elle spécifié.

«J’ai des gens qui m’ont dit, voilà Montréal, voilà le Québec», a-t-elle ajouté avec un brin d’émotion et de fierté.

Cette année, le jury du CALQ était composé de Hannah Claus, Claude Deschênes, Kevin McCoy et Mélissa Verreault. Lors de son discours, Zab Maboungou avait dit les mots: «Merci pour cette reconnaissance. Elle fait surgir tout une mémoire, celle des moments de solitude, de la recherche et de l’étude, celle des occasions, des rencontres et de partages qui en ont résulté».

Outre l’Ordre du CALQ, Zab Maboungou est récipiendaire de plusieurs distinctions comme Hommage au Forum des femmes entreprenantes de la diversité de Chantier d’Afrique du Canada 2019 ainsi qu’un prix de reconnaissance du Conseil des arts de Montréal (2014), ou encore le Prix Charles Biddle (2013).

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