Quelque quatre ans après son précédent succès El Mutakallimûn, la chanteuse franco-algérienne Souad Massi revient avec Oumniya, un nouvel album un peu plus personnel dans lequel elle partage les valeurs qui sont les siennes.
Publié chez Naïve/Believe, l’opus Oumniya est une incursion dans un univers entre musique folk et chaâbi.
Elle y chante surtout en arabe, même s’il y a de sublimes compositions en français comme la lumineuse Je chante, écrite par le talentueux Magyd Cherfi du groupe toulousain Zebda ou encore la composition de Marie-Paule Belle sur les mots de Françoise Mallet-Joris, Pays natal.
« Et Ici je suis bien, Je suis chez moi chez toi / Pourtant j’ai des souvenirs qui restent en moi », dit-elle.
«Même si je suis loin, si je suis bien chez toi / Je n’ai pas quitté mon pays natal ».
On adore des titres comme Ban Koulchi, qui incite à danser et même à se déhancher au rythme de la derbourka ou Enta Wena pour ses mélodies soyeuses.
Plusieurs ne comprendront pas les paroles, mais seront d’avis que la musique est bel et bien universelle. Bref pas besoin de mot pour dire l’évidente: « Toi et moi, Sommes comme la nuit et le jour, Quand la première apparaît, le deuxième disparaît ».
Outre la derbouka, dans les instruments, il y a percussions, mandole, violon alto et même la guitare et sans aucune doute de la basse (elle remercie d’ailleurs le Camerounais Guy N’sangue avec qui elle a parfois travaillé).
Pourquoi cet album est si personnel ? Parce que Souad Massi y aborde des thèmes qui lui sont chers, à savoir son pays natal, mais aussi l’amour, la liberté ou la sempiternelle question de l’émancipation, aussi bien des femmes que de tous les citoyens, du Nord comme du Sud..
« Apprends-moi à être, comme je désire l’être »
Extrait de la pièce Je veux apprendre
De son Algérie qui lui est si chère, cette kabyle parle en métaphore dans sa chanson Fi Bali « d’un pays qui ressemble à un bateau qui va couler, parce que depuis l’indépendance en 1962, aucun dirigeant n’a voulu préserver les trésors de l’Algérie, ses forces, son passé, ses montagnes, ses forêts, son désert, ses cultures multiples ».
Il faut rappeler que Souad Massi est née en 1972 sur les coteaux d’Alger, à Bab-el-Oued. Elle a donc eu vingt en plein dans les «années noires» de ce pays, alors divisé entre les islamistes, dans le maquis, et
les militaires, au pouvoir.
La musique lui a donné tout. Elle a su la lui rendre en proposant une une musique universelle, épurée et qui a toujours touché ceux qui prenaient la peine de l’écouter. C’est aussi tout le mal qu’on lui souhaite avec ce nouveau projet.
Outre Oumniya et El Mutakallimûn on lui doit des albums comme Ô Houria (liberté), mais aussi Raoui, Deb et Mesk elil.
- Souad Massi : chant, guitare
- Rabah Khalfa : derbouka
- Mehdi Dalil : mandol, guitare
- Mokrane Aldani : violon alto
- Adriano Tenorio: percussions