Avec le film, Le jeune Ahmed, en salles au Québec, les frères Dardenne offrent une nouvelle réalisation coup de poing. Gagnant du Prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes, le film explore l’endoctrinement religieux d’un jeune adolescent devenant un fanatique, prêt à tout pour arriver à ses fins, c’est-à-dire au meurtre de sa professeure.
Ahmed, 13 ans, vivant en Belgique avec sa mère et ses frères et soeurs, est un jeune croyant musulman, ne prêtant confiance uniquement aux dires de son Iman. Ce dernier lui donne un apprentissage du Coran à sa “façon” afin de lui apprendre à devenir un futur martyr.
N’écoutant que trop bien son mentor, Ahmed commet l’irréparable. Placé en centre de réinsertion auprès d’éducateurs spécialisés, Ahmed, très fermé, se voit offrir une seconde chance. Il va rencontrer des personnes qui vont tout faire pour l’aider. Mais est-ce que lui a vraiment envie de changer ?
Idir Ben Addi (Ahmed), crève l’écran, il est omniprésent dans chaque scène, souvent de longs plans-séquences fascinants. Le jeune acteur joue juste. Il est fascinant dans ses interactions et ses mots. Au fil du temps, on l’apprécie de plus en plus et on ose espérer une chose: c’est qu’il s’en sorte.
Même si le sujet est délicat et a été traité à maintes reprises, les frères Dardenne proposent ici une réalisation et une mise en scène exceptionnelle. Les réalisateurs belges dessinent les traits d’un enfant converti durement, qui ne veut pas exprimer ses sentiments.
Malgré l’amour de sa mère, la confiance que lui donnent petit à petit ses éducateurs ou encore les premiers émois qu’il peut avoir pour la jeune Louise, Ahmed se montre distant et omnibulé par sa foi.
La scène avec Louise, lorsqu’il lui demande de devenir musulmane suite à un baiser dans un champ pour atténuer son péché, est criante d’authenticité sur la mentalité du jeune adolescent.
Le spectateur n’a pas le choix que d’essayer de deviner si Ahmed arrivera à changer et de basculer dans le pardon envers sa professeure. Les dernières minutes sont bouleversantes et émouvantes. Bref, c’est un film grandiose qui tient en haleine pendant 85 minutes.
- Le jeune Ahmed réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne
- Avec : Idir Ben Addi, Olivier Bonneau
- Dans les salles à partir du 10 juillet