Rare pendant plusieurs semaines sur les tablettes des libraries d’ici, en raison d’un succès amplément mérité, le puissant et déroutant roman Les Impatientes de l’auteure camerounaise Djaïli Amadou Amal peut enfin être lu par le plus grand nombre de lecteurs.
Publié aux éditions Emmanuelle Collas, ce roman polyphonique raconte le destin brisé de plusieurs femmes. Ces dernières se retrouvent dans le contexte déchirant de la polygamie, mais plus encore d’une société sahélienne qui laissent les hommes décider de tout et de rien. Surtout de tout, et ce, que la situation plaise ou non à leur moitié. Encore pire à leur fille.
Si les garcons sont « relativement » épargnés par cette rigidité culturelle, encore que le cas du personnage de Moubarak témoigne d’une autre réalité, le sort des -jeunes- filles est franchement bouleversant. Elles vivent quotidiennement dans un concentré de violence perpetuelle.
Avec un talent incroyable pour la narration, qui témoigne malheureusement d’une vérité, Djaïli Amadou Amal met en scène trois femmes qui baignent dans cette réalité des mariages forcés. Le viol conjugual est commun et banalsié tout comme les humiliations et la solitude de ces victimes dont l’avis ne compte jamais. Jamais !
Ces femmes, comme Safira, Hindou ou Ramla se sont toutes fait dire la même chose, résumé dans ce proverbe peul: « Au bout de la patience, il y a le ciel ». Pourtant, l’envers du décor n’est pas facile et c’est le moins qu’on puisse dire.
Accepter son sort sans rechignier et surtout ne jamais se plaindre, encore pire se révolter à moins de faire le choix difficile de tout quitter.
C’est la réalité que bien des femmes, jeunes comme de plus âgées, vivent encore quotidiennement, comme dans l’extrême nord du Cameroun, la région natale de Djaïli Amadou Amal, auréolée il y a quelques mois du prestigieux prix Goncourt des Lycéens.
Avec son roman, Djaïli Amadou Amal, a aussi été lauréate du Prix Orange du livre en Afrique 2019, avant que l’oeuvre ne soit édité en France aux éditions Emmanuelle Collas.