Stromae au Centre Bell : un retour en fanfare à Montréal après 7 ans d’absence

C’est ce vendredi 25 novembre que Stromae donnait le coup d’envoi de ses quatre dates au Centre Bell de Montréal. Il a offert un spectacle de haut vol de plus de 1 h 30, digne de la superstar qu’il est. Le maestro belge n’a toutefois pas hésité à ralentir la cadence pour aborder des sujets qui lui sont chers (la solitude, la dépression, la parentalité) sans pour autant casser la fête. Récit d’une soirée mémorable.

Après la première partie de la rappeuse sud-africaine Sho Madjozi, le Centre Bell était en ébullition. Sept ans après son dernier passage dans la métropole montréalaise pour son excellent Racine Carrée Tour (d’ailleurs, Touki Montréal y était, notre critique à lire ici), Stromae (Paul Van Haver de son vrai nom) était de retour à Montréal pour ni un, ni deux, mais quatre concerts au Centre Bell (les 25, 26, 27 novembre et le 14 décembre). Un exploit que très peu d’artistes sont en mesure de réaliser.

Un Centre Bell plein à craquer

Peu avant 21 h, l’ambiance était électrique dans un Centre Bell bondé et un parterre plein à craquer. Lorsque les lumières se sont éteintes quelques minutes plus tard, les quelque 14 000 spectateurs criaient à l’unisson.

Le sol s’est mis à vibrer. Ça y est. Leur idole entrait sur scène. Stromae. Celui qui a explosé tous les records avec son second disque devenu un vrai classique, Racine Carrée, avec plus de deux millions d’exemplaires écoulés dans le monde. 

Après un burn-out, l’annulation des dernières dates de sa tournée Racine Carrée en 2016 et une longue dépression, il est revenu sur le devant de la scène cette année avec Multitude, un troisième disque un peu plus intimiste reprenant néanmoins quelques éléments de son prédécesseur, notamment les riffs de guitare de rumba congolaise de Papaoutai.

Une ambiance futuriste

Coiffé de deux chignons, une chemise blanche à jabot sur le dos, Stromae est entré sur une scène aux allures futuristes agrémentée de néons multicolores, de plusieurs écrans robotisés à l’arrière et au-dessus de la scène qui bougeaient comme de véritables tentacules. Sans compter que ses quatre musiciens étaient installés derrière des machines faisant penser à des cockpits de vaisseaux spatiaux. 

Le ton était donné. Le spectacle s’annonçait haut en couleur. Et le maestro a tenu ses promesses. Le bal s’est ouvert avec Invaincu, morceau de son nouveau disque dans lequel il parle de sa dépression, cette « putain de maladie », comme il le dit. « Tant que je suis en vie, je suis invaincu », clame-t-il. Triomphant, Stromae s’est tenu debout et a chanté ce titre avec ses tripes. Le public a adoré. Nous aussi, d’ailleurs.

Des sujets plus sérieux

Stromae a enchaîné avec Fils de joie, également extrait de son troisième album. À la fin du titre, il s’est adressé au public.

« Ça fait du bien d’être de retour. Pour quatre Centre Bell en plus. Ce soir, on va jouer des nouveaux morceaux, mais aussi des vieux! » 

C’est alors qu’ont résonné les notes de Tous les mêmes, sous les applaudissements du public en délire. Le maestro s’est même essayé même à quelques pas de catwalk, populaire dans la scène du ballroom et du voguing.

Les chansons se sont enchaînées. Même s’il a sorti l’artillerie lourde avec les jeux de lumière, les écrans géants et les petits films d’animation qui y sont projetés, Stromae s’est donné le droit de ralentir la cadence pour parler de sujets plus sérieux : la solitude du célibat et la lassitude dans la vie de couple dans Solassitude, le cancer dans Quand c’est ou encore sa dépression et ses pensées suicidaires dans L’enfer. Des chansons qui ont ralenti le rythme de sa prestation, sans pour autant gâcher la fête.

Des tubes qui rejoignent toutes les générations

Même si le public s’est montré réceptif face aux nouvelles chansons de Stromae, ce sont ses anciens tubes qui ont soulevé la foule très hétéroclite, rassemblant plusieurs générations. Lorsqu’il a enfilé une veste verte à motifs (comme sa chemise dans le clip de Papaoutai), le public était en délire. Et il ne s’est pas prié pour entonner les fameuses paroles : Où t’es, Papa ou t’es? 

Le parterre s’est ensuite transformé en discothèque géante sur les rythmes endiablés de Ta fête, qui était d’ailleurs l’hymne officiel de l’équipe nationale belge à la Coupe du monde de soccer en 2014 au Brésil. Les sonorités house de ce titre font toujours leur effet.

Formidable Stromae

Mais le moment fort (sans conteste) de la soirée est arrivé lorsque les notes du titre Formidable ont résonné dans le Centre Bell. Les paroles ont été reprises en chœur par le public. L’interprétation de Stromae sur cette chanson était tout simplement magistrale. C’est un titre qui prend aux tripes et qui semble avoir une signification particulière pour l’auteur-compositeur-interprète belge.

Bien évidemment, la soirée s’est conclue sur Alors on danse, le premier tube de Stromae. Avant d’interpréter le titre, un court métrage d’animation mettait en scène un jeune Stromae composant les premières notes de la chanson sur son petit clavier branché sur son ordinateur. Un autre moment fort qui lui a valu une standing ovation de plusieurs minutes. 

« Montréal vous savez vraiment accueillir. Ce n’est pas pour rien qu’on a fait la dernière captation de la tournée Racine Carrée à Montréal! »

Stromae

Stromae était visiblement ému par cet accueil des Montréalais. Il a même offert une version acapella de Mon amour en rappel, entouré de ses musiciens (et choristes).

En conclusion : Stromae a offert un spectacle de haut vol lors de son premier concert au Centre Bell de Montréal après sept ans d’absence. Une prestation un peu moins énergique que celle qu’il avait offerte en 2015. L’artiste de 37 ans se permet d’être vulnérable et de partager ses démons sur scène. Après sept ans, Stromae a gagné en maturité. Et ça se voit. Pour les nostalgiques du Stromae d’il y a sept ans, la vidéo de la tournée Racine Carrée est toujours disponible gratuitement sur YouTube

En tout cas, bravo, maestro.

Photos: Jean-Baptiste Nyabyenda

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