Il aura fallu plus d’une décennie avant que les auteurs de la succulente saga Aya de Yopougon reprennent leur bâton de pèlerin et fassent (re)découvrir au monde les mœurs et réalité de la société ivoirienne. Autant le dire de suite, c’est une réussite qui ne doit pas s’arrêter là.
À ceux qui se questionnaient sur le sort du trio constitué d’Aya, Adjoua et Bintou, la scénariste franco-ivoirienne Marguerite Abouet (Akissi, Bienvenue, Commissaire Kouamé) et son complice Clément Oubrerie (dessin), répondent que tout n’est pas terminé dans cette fable.
La recette qui a fait le bonheur de cette série à succès reste similaire: n concentré du réel, des personnages attachants, un ton humoristique alternant entre scènes loufoques et vrais enjeux de société: lutte pour une meilleure vie, pour des droits des étudiants, des homosexuels, pour la différence, contre les inégalités.
Les fans d’Aya de Yopougon avaient tourné la dernière page du tome 6 en se posant des questions sur ce qui arriverait à Moussa, Hervé, Grégoire, Innocent, Albert, Didier et tous les autres personnages entourant Aya.
Nous sommes en 1981 et c’est un socialiste (François Mitterand) qui arrive au pouvoir en France ou le jeune Innocent tente désespérément de trouver sa place loin de son si cher pays et de ses potes.
À Abidjan, la bande vit toujours à Yopougon ou Yop City, quartier populaire de la place sauf exception de la jeune Adjoua, devenue une actrice bien connue de la société après son épisode de mannequinat.
Cette dernière réside à Cocody, quartier huppé de la métropole, mais doit composer avec une nouvelle réalité, celle ou les fans d’une série y sont tellement attachés qu’ils ne démêlent jamais vraiment fiction et réalité de la vie de son personnage Flora.
Sa copine Aya est à l’université et doit commencer un stage. Elle a le choix de le faire dans la société qui emploie son père, la Sollibra, ou dans le cabinet d’avocat de Didier, son beau magistrat. Après avoir fait son choix, elle retrouvera deux autres personnages hauts en couleur, tous deux récemment sortis de la prison d’Abidjan, surnommé « affectueusement » la MACA.
Adjoua élève son fils Bobby qui semble développer un vrai/faux problème tandis que son frère Albert, qui a révélé son homosexualité, découvre avec stupeur les pérégrinations de la vie universitaire. Il deviendra même un allié d’Aya dans sa quête pour un monde plus juste.
Surprise, les fans de l’auteure Marguerite Abouet découvriront même l’arrivée dans Aya 7 d’un nouveau personnage, héros d’une autre de ses séries…
Le nouvel ouvrage s’ouvre sur une scène de télévision et se referme sur une autre qui a toutes les apparences d’un mauvais film de série B, mais la centaine de pages qui les sépare regorge de situations ubuesques toutes mises en valeur par le coup de crayon de Clément Oubrerie.
L’incontournable lexique qui accompagne la BD est toujours une mine d’informations pour quiconque veut approfondir le nouchi ivoirien. La recette culinaire reste aussi une excellente idée (dans ce cas le Garba), tout comme l’organigramme des personnages au début.
Pour le reste, souffrez qu’on ne vous en dise pas plus…
