La 16e édition du Festival Musique et Arts Osheaga s’est déroulée sous un soleil de plomb, du 4 au 6 août 2023, au parc Jean Drapeau. Cette édition, marquée par une programmation riche et éclectique, a battu des records d’affluence (155 000 personnes). Voici un tour d’horizon de notre couverture des deux derniers jours.
Samedi 5 août :
Baby Keem
Artiste attendu de cette fin de journée, Baby Keem a pu offrir son tout premier concert à Montréal. Dès son entrée, il a su capter l’attention du public en apparaissant au milieu d’une fumée 3D. Baby Keem ne s’est pas arrêté. Véritable moulin à paroles hip-hop, il a enchaîné les titres de son album The Melodic Blue, son plus récent, sans oublier ses anciennes créations.
Le rappeur a bien entendu offert ses classiques Family Ties ou encore Honest avec pour cette dernière une mise en scène d’un soleil orangé diffusé sur l’écran derrière lui. Son rap est communicatif et galvanisant. À la fin, Baby Keem a pu se féliciter du bel engouement du public montréalais à ce spectacle qui s’avérait être la dernière de sa tournée.
N’oubliant pas Tahiti qu’il a salué avant de partir, il a clôturé sa performance avec l’annonce de nouvelles collaborations et d’un projet d’album en préparation pour les prochains mois.
Adekunle Gold
Arriver en retard sur scène a des conséquences à Osheaga. C’est ce qui est arrivé sur la scène verte à Adekunle Gold. Avec plusieurs concerts (hormis les têtes d’affiche) de seulement 45 min, les artistes n’ont pas toujours la possibilité d’offrir au public leur prestation complète si les aléas ne sont pas de leur côté.
Il ne faut donc pas avoir des problèmes de son et perdre une quinzaine de minutes au risque de ne pas finir dans les meilleurs délais. Dans son cas, toute la fin de sa performance s’est transformée en une scène improbable.
L’auteur-compositeur nigérian et adepte d’afrobeats a continué de chanter alors que le concert de la scène d’à côté débutait. Il y a eu quelques minutes de confusion, où on voyait Adekunle Gold tenter le tout pour le tout.
Pendant une trentaine de minutes, celui qui se fait appeler AG Baby a néanmoins présenté son dernier album Tequila Ever After, mêlant musique afropop, reggae et des touches de rock’n’roll. On a pu entendre aussi son titre Do you mind ? qui a eu son petit succès auprès du public.
Lil Yachti
Sur une des deux scènes principales, le rappeur Lil Yachti a proposé un concert sympathique, mais sans nos plus être enlevant. Avec une voix en délicatesse et une énergie limitée, sûrement en raison d’un virus, le rappeur, avec sa casquette rouge vissée sur la tête et sa chemise beige, a pu compter sur ses acolytes. Le chanteur l’a d’ailleurs un peu avoué en demandant à la foule de lui donner de l’énergie.
Sur scène, les chansons de son dernier album, Let’s start here, résonnaient devant un public ayant le même enthousiasme que l’artiste: calme.
Pour les adeptes de Lil Yachti, son style a évolué avec ce dernier opus, puisqu’il y a beaucoup plus de tonalités rock avec plus d’électronique tendant vers la house. Les principaux titres sont accompagnés par des vidéos en arrière jouant sur le côté flou et psychédélique.
Lil Yachti a malgré tout réussi à faire le boulot, mais impossible de dire que cette performance restera un moment mémorable de cette édition.
Rema
Rema a fait monter la température de plusieurs degrés en apparaissant sur la scène verte pour clôturer la journée de samedi. Avec son style de bad boy aimant les bad girls, comme il se plaît à le dire, il n’a pas fallu beaucoup de temps au chanteur pour exprimer son côté chaud (avec des gestes et une simulation d’acte sexuel sur une enceinte).
Dans son style mêlant afrobeat, trap et hip-hop, le rappeur d’origine nigériane est apparu avait devant lui un public de connaisseurs de sa musique tropicale.
Soulignons la mise en scène particulière : une maison crée par des cadres lumineux avec l’intérieur un gros ours en peluche assise sur une estrade ainsi qu’un squelette avec des roses rouges dispersées un peu partout entre les os. Rema a slalomé entre les barres de cette maison fictive.
En résumé, c’était un gros “Rema Party”. Pendant 1 h, le chanteur s’est démené sur scène pour assurer un spectacle qui a fait danser et chanter un public très chaleureux.
Posant des questions assez régulièrement au public, et ne cessant jamais de les interpeller (en leur demandant : s’ils étaient chauds, s’ils aimaient faire la fête, s’il y avait des bad girls), il a conclu ses questions par la plus prévisible : comment dit-on booty en français !
Rema a terminé son set en beauté avec Calm Down, une chanson qui porte très mal son nom vu l’attitude du public et du chanteur…
Bref, on a eu droit à un concert fort galvanisant, mais à ne pas mettre sous tous les yeux.
Dimanche 6 août
Tobi
Dès 14 h 40 sur la scène de la Vallée, le nouveau rappeur, venu d’Ontario et originaire lui aussi du Nigéria, TOBi a fait son apparition, vêtu d’un t-shirt noir où était écrit Before we panic.
Pendant 45 minutes, le rappeur canadien a été toute en maîtrise. Accompagné sur scène d’un DJ et d’un saxophoniste (et guitariste), l’homme au X tatoué sur le coeur a joué les chansons de ses deux albums Still parus en 2019 et Elements Vol.1, sorti en 2020.
TOBi su aussi garder de belles surprises comme quelques titres joués en exclusivité pour le festival. La chanson Flowers a connu un beau succès d’estime d’un public luttant par moment avec la chaleur. Il a terminé sa prestation avec une nouvelle chanson qu’il n’avait pas encore jouée en public: Someone I Knew. Encore une fois, ça fonctionnait très bien.
Parions une belle carrière à ce rappeur.
Armani White
La dernière fois qu’Armani White a foulé le sol québécois, c’était il y a 5 ans. Et on ne peut pas dire que depuis ce moment sa carrière ne s’est pas améliorée.
Commençant son spectacle par une distribution générale de jujubes au public, celui qui a connu un vrai boom avec sa chanson Billie Eilish (qu’il a d’ailleurs interprété la veille au concert de la chanteuse), il s’est mis très vite le public dans la poche.
En plus de distribuer également, au fur et à mesure qu’il se déshabillait, ses vêtements, le rappeur a livré une performance solide et pleine d’énergie. Accompagné par deux voix, donc son DJ, il a réussi à créer une belle ambiance, se terminant par un saut dans le public sur un matelas gonflable.
Armani White a fait transpirer la foule qui n’a pas cessé d’être réactif au talent indéniable du rappeur américain. Devant céder sa place alors que son concert aurait mérité du temps supplémentaire, il a terminé son set avec cet excès de folie qui lui va bien.
L’énergique rappeur a arpenté la scène en livrant avec aplomb ses textes. Les jets d’eau n’ont pas calmé les ardeurs de la foule, qui bougeait et sautait au son des chansons de l’artiste. Vers la fin de sa performance, le rappeur s’est payé une petite séance de bodysurfing sur un matelas gonflable.
Kendrick Lamar
Pour la clôture, le rappeur californien a offert tout un concert. Et c’était attendu. D’entrée, il a frappé fort avec une introduction haute en couleur et une mise en scène dopée par des feux d’artifice devant une murale des plus imposantes.
Beaucoup de chansons ont été interprétées: N95, m.A.A.d city, Loyalty, Count Me Out, Die Hard ou encore Savior. Des danseurs, présents sur scène, accompagnaient le rappeur sur la plupart de ses interprétations, réalisant de nombreux tableaux élégants et donnant l’impression d’être dans l’ombre de Kendrick Lamar.
Loquace, mais pas trop, le rappeur américain s’est permis de chanter 23 chansons en tout même si le concert qui aurait pu être encore meilleur…
Le spectacle a eu quelques petits couacs dans sa dynamique. Des pauses entre les chansons ont pu paraître longues pour certains puisque cassant le rythme. Cela a donné un petit goût d’inachevé qui ne remet en rien le talent d’un artiste que tout le monde attendait depuis trois jours.