«Les femmes arabes disent ÇA?» de Nisreen Baker: Franc-parler, amitiés et vulnérabilités

De retour à Edmonton après avoir dû se rendre en Égypte au chevet de sa mère, Nermeen, une jeune canadienne d’origine égyptienne, se livre sur l’exil et ses écueils. Avec sept de ses amies, toutes originaires de différents pays arabes, elles se donnent le droit de redessiner le monde en y ajoutant leurs saveurs.

Les différents confinements dus à la pandémie de la Covid-19 ont été une épreuve sociale. Nedra, Camen, Aya, Sanaa, Tereza, Lylan, Hala et Nermeen qui sont de celles à avoir créé des moments pour discuter régulièrement, chacune sur son cellulaire.

Grâce à ces rendez-vous virtuels, elles sont parvenues à ventiler et à garder le cap. Un moment unique qu’elles se créaient pour partager des réflexions qui concernent les sociétés arabes, d’où elles sont originaires, et la société canadienne où elles ont choisi de poursuivre.

Si le besoin de pudeur leur colle à la peau, se raconter en toute franchise tant dans ses forces que dans ses vulnérabilités est loin d’être évident. Pourtant, en 80 minutes, on saisit vite l’essence de ces vies passées entre deux univers, à parler et à rêver dans des langues et sur des territoires différents. Et tout est prévu, jusqu’aux sous-titres qui s’adaptent en fonction des histoires partagées, passant de l’anglais au français à l’arabe sans aucune gêne.

Impression d’être invisible

À travers des conversations teintées de silences comme de rires, ces huit femmes finissent par dresser une belle mosaïque de la diversité féminine arabe. Celle qui est audacieuse, intelligente, voilée ou non, musulmane ou chrétienne, musicienne ou poète, cuisinière ou non.

Une diversité qui dresse surtout le portrait de femmes qui ont su tout sacrifier pour un meilleur avenir. Et qu’on se le dise : une Irakienne, Syrienne, Marocaine, Soudanaise, Égyptienne ou Libanaise ont plus d’atomes crochus qu’on ne le pense en cette ère de polarisation à outrance.

Encore plus lorsqu’elles implorent d’avoir « autant confiance que l’homme blanc » ou qu’elles discutent de l’importance de la loi de Clare, une loi visant à freiner la violence conjugale en Alberta. On le comprend bien assez vite, dans ce documentaire, aucun sujet n’est tabou, qu’il s’agisse de la guerre en Ukraine comme de celle entre l’Israël et la Palestine. L’important est de s’en parler et surtout de rire aux éclats des stéréotypes de la femme arabe jugée « exotique au regard mystérieux ».

Ni ici ni là-bas

En partant de leurs pays respectifs, ces huit femmes ont recréé une nouvelle version d’elles-mêmes. Mais ce n’est pas toujours facile, même si elles se plaisent dans cette nouvelle vie au Canada. Certaines ont toujours peur de recevoir un appel au beau milieu de la nuit et d’apprendre le décès de proches.

Sanaa, Canadienne d’origine marocaine analyste commerciale en TI, et son chien Lola.

Et malgré tout, elles refusent de se victimiser avec une fierté assumée. Puisqu’elles ont fait le choix de partir, ces femmes ont besoin de se prouver à elles-mêmes et de prouver à leur famille que le jeu en vaut la chandelle.

Le droit à l’erreur n’est pas admis tandis que le pays d’origine reste un sentiment, un souvenir qui nourrit une partie de la personnalité.  

Projections

Les femmes arabes disent ÇA? (Arab women say what?!) a été présenté en première mondiale le 20 octobre à l’ouverture du festival Calgary Arab Film Nights 2023. Une première Montréalaise est prévue le 1er novembre au Salon de la culture de l’UQAM dans le cadre du Festival du monde arabe de Montréal et sera suivie le 9 novembre d’une projection à Edmonton lors de la soirée d’ouverture du Festival international du film Broad View.

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