Terminus des anges, coréalisation marocaine de Narjiss Nejjar, Mohamed Mouftakir et Hicham Lasri, brosse un tableau des diverses visions que les gens peuvent avoir sur le sida. Ce long métrage était présenté dans le cadre du Festival des Films du Monde, dans la catégorie Regards sur les cinémas du monde.
Le sida est un sujet toujours aussi brûlant surtout sur le continent africain où la maladie ne s’estompe pas de tuer plusieurs milliers de personnes par jour.
Trois personnages, trois destins croisés dans un seul et unique film où le sida est le fil rouge. À travers des regards, des sensibilités et des styles de réalisation différents, Narjiss Nejjar, Mohamed Mouftakir et Hicham Lasri montrent le malaise de séropositifs au Maroc.
La première personne que l’on suit est une jeune femme, Yamna, venant de la campagne marocaine, ne sachant pas lire et en attente du retour de son mari, parti à Casablanca après leur mariage. Un jour, elle reçoit un télégramme qui lui dit de venir à l’hôpital le retrouver celui qu’elle aime. Elle croit, enfin, qu’elle va le revoir et se prépare comme pour un rendez-vous galant, sauf que c’est à l’hôpital…
La seconde histoire traite de Jalila, femme d’un séropositif qui vient de se suicider et se rend compte qu’il avait une autre épouse plus jeune. Toute sa vie va être bouleversée et elle se demande ce qu’elle va devenir, comment va-t-elle réagir face à une maladie dont elle est totalement ignorante.
La dernière partie du film s’intéresse à un jeune homme, artiste rêveur, raté et marginal, qui rencontre une jeune fille pour la première fois et tombe sous le charme l’un de l’autre. Ils veulent faire l’amour. Lui sans préservatif, elle avec…
Les trois personnages principaux se retrouvent tous au final dans un commissariat via un subtil concours de circonstances.
Ce film audacieux, traitant d’un sujet sensible, alerte le public, sur une vision du sida qu’a une partie de la population. Une vision qui peut par moment surprendre, voir même troubler. Dans la 1re partie, l’image des préservatifs étendus comme du linge pour être réutilisés est quelque peu perturbante.
Un des moments forts du film est l’interprétation par plusieurs personnes, dans les trois parties, de la « manière » de soigner le sida : coucher avec une vierge qui absorbera la maladie et rendra à l’homme une nouvelle jeunesse sexuelle et sans VIH. Une idée qui fait froid dans le dos, mais qui semble effectivement prise au sérieux par une partie de la population marocaine.
La mise en scène de Terminus des anges est réussie. Les réalisateurs arrivent à faire passer leurs idées avec des histoires pertinentes, bien ficelées (les acteurs se croisent et se recroisent pour finalement terminer au même endroit). Mention spéciale pour l’acteur, Salah Bensalah.
Réussir un film sur une maladie comme le sida n’est pas chose aisée, mais le réussir trois fois mérite de tirer un coup de chapeau aux réalisateurs de cette trithérapie réussie.
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