Le bédéiste Farid Boudjellal a publié cette année Le Cousin Harki, la suite de la série qu’il avait commencée en 2007, avec Les années Ventolines, qui retrace l’adolescence de son héros Petit Polio, toujours chez la maison d’édition Futuropolis.
L’essentiel de l’histoire se déroule à la Clinique Les Jours plissés qui accueille des patients, jeunes et plus grands, qui ont des problèmes respiratoires.
Outre Mahmoud Slimani, dit le petit polio, Julien, Phillipe, Mamadou, M. Gaston et Max, la clinique va accueillir Mocktar Ben Slimane, harki et rescapé de la guerre d’Algérie, qui partage un lien très particulier avec le directeur de la clinique, Daniel Hossner, surnommé le Morse.
Ce fils d’Algérie qui a perdu la foi, et ensuite ses deux « pères », va se retrouver au centre de toutes les intrigues de ce centre de santé pas comme les autres.
Il sera donc question dans cet ouvrage de la guerre d’Algérie, de tous ces Algériens qui ont combattu à côté de leurs « supposés » frères français. À sa manière, l’auteur de Mémé d’Arménie, JuifsArabes, revient sur les 50 ans de la signature des accords d’Évian.
Le personnage de l’émir Abdelkader, « le héros de l’Algérie » sera aussi traité dans cet ouvrage.
« Il a causé bien des tracas à l’armée française coloniale pendant 15 ans, jusqu’à ce qu’il soit capturé et incarcéré au château d’Amboise », explique d’ailleurs Moktar à Julien, pensionnaire qui comme lui tente d’oublier le passé douloureux de son enfance.
Trahison, espoir et même la question de l’homosexualité et de la différence seront traités dans cette nouvelle BD.
Si Le Cousin Harki peut se lire aisément, la lecture de la première BD, Les années Ventoline, est forcement préférable. D’ailleurs Futuropolis propose une version presque double des deux ouvrages, disponible dans certaines librairies.
Né à Toulon, algérien par ses parents, arménien par sa grand-mère paternelle, rescapée du génocide, Farid Boudjellal a trouvé dans la bande dessinée une échappatoire à ses problèmes de polio et d’asthme. Surtout, il sait raconter des histoires inventées qui sont presque réelles.
« Mahmoud Slimani existe depuis le début de ma carrière, souligne-t-il. Il est apparu adulte dans le gourbi ou les Slimani bien avant qu’on ne le connaisse enfant dans Petit Polio. Maintenant, depuis Mémé d’Arménie, ces histoires commencent à m’échapper. Petit Polio me sert de canne d’appui pour raconter des choses plus graves, ou pour parler d’autres personnages, comme le cousin harki…»