Le documentaire Au delà de la peine a été réalisé en 2003 par Osvalde Lewat et a déjà été couronné du prix des droits humains à Montréal. Il a été présenté, cette année, à Vues d’Afrique dans le cadre d’un hommage à sa réalisatrice, présente pour l’occasion.
Au delà de la peine va à la rencontre de Pierre Owono, qui croupit depuis 33 ans dans la prison de Yaoundé au Cameroun. Emprisonné à 25 ans pour fabrication de faux papiers, son séjour en cellule aurait du être bref, mais une accumulation de peine repousse sa libération jusqu’en 2028. Sans argent
pour soudoyer les magistrats, ce malheureux prisonnier est un oublié de la bureaucratie.
Au fil du documentaire, nous entendons les témoignages de Pierre Owono et de son entourage sur les difficultés, les peurs et les espoirs engendrées par son emprisonnement. On nous montre la vie quotidienne en prison, sa routine, ses risques. La religion est très présente, échappée spirituelle elle permet au prisonnier de tenir bon.
La caméra donne la parole à Pierre Owono, c’est donc lui qui va donner le ton et le rythme au récit. Femme, enfants et amis défilent également. Toutes ces voix retracent l’histoire douloureuse de celui qui a tout perdu.
On saluera le travail de la réalisatrice qui ne tombe jamais dans le jugement, mais s’applique au contraire à construire une voix juste. Alors que l’absence de justice lui avait confisqué la parole, le documentaire est un espace d’expression pour Pierre Owono.
Et si sa vie a été gâchée par des malentendus et des erreurs judiciaires, ce film vient au moins rétablir une certaine justice : celle du mot vrai.