De passage à Montréal, entre le studio et une tournée de promotion, l’article burkinabé Serge Bambara alias Smockey n’a pas raté l’occasion de faire connaître le mouvement «Balai Citoyen», qu’il a initié.
Le rappeur Smokey (se moquer) termine actuellement la préparation de son dernier opus. Ça ne l’empêche toutefois pas de faire la tournée des radios montréalaises. Lors d’une ces entrevues, à l’émission Rythme Soleil de Fulgence Bla et Line Cook, sur les ondes de Radio Centre Ville.
«Le rap burkinabé est un peu victime de la politique burkinabé», a-t-il fait savoir d’entrée.
À propos des rappeurs, Serge Bambara soutient que lui comme les autres sont des «grandes gueules qui ne sont pas là pour caresser les gens dans le sens du poil».
«De toutes les façons, on s’en fout un peu, précise-t-il à propos de l’indépendance dans l’industrie de la musique au Burkina Faso. On a réussi à monter des labels indépendants, automnes, comme le Studio Abazon, qui n’est pas dans une grande structure industrielle dépendant de sponsors.»
Activiste, Smockey l’est dans la vie comme dans son univers musical. Dans son album Yamma, qui veut dire «Fait ce qu’il te plaît», le rappeur parle et dénonce le mariage de force de jeunes filles avec les «vieux pères».
L’idée était «d’attirer l’attention sur cette situation et sensibiliser l’opinion, confie-t-il. Yamma part du principe que c’est la femme d’exiger [le] respect».
Comme beaucoup d’artistes, Smockey est très critique du gouverment en place au Burkina Faso. «Aujourd’hui, nous avons un président qui veut s’éterniser au pouvoir», explique-t-il à propos de Blaise Compaoré et de ses deux décennies de règne.
Serge Bambara dénonce d’ailleurs la mise en place d’un Sénat au Burkina Faso et la modification de l’Article 37 qui permettra au président Compaoré de se présenter pour un troisième mandat.
«[Le Balai citoyen] est un appel à une unité d’action citoyenne contre la modification de l’article 37 de la Constitution et la mise en place du Sena au Burkina Faso.»
Balai Citoyen est un peu le penchant burkinabé du mouvement sénégalais Y’en a marre, ce groupe de contestation pacifique créé en 2011 par un collectif de rappeurs et de journalistes «pour inciter les Sénégalais à voter, à renouveler le personnel politique, à lutter contre la corruption et promouvoir le civisme».
En marge de sa visite, le film Les États-Unis d’Afrique, réalisé par Yanick Letourneau et qui met en vedette Didier Awadi, a été diffusé à la Cinémathèque québécoise et devait l’être au Festival Bal poussières.
«Ce film nous a ouvert les portes sur le continent américain a souligné Didier Awadi, présent également en studio avec Smockey. Il permet de montrer une autre Afrique, pas seulement l’Afrique safari, pas seulement l’Afrique des guerres, pas seulement l’Afrique misérabiliste.»
«Les États-Unis d’Afrique montre une Afrique qui nous représente, a-t-il ajouté. Une Afrique qui sourit, positive, qui donne du respect et qui en exige.»