Pour leur premier opus intitulé Très très fort, Staff Benda Bilili propose un cocktail étincelant d’influences assez variées. Cet album, enregistré à l’air libre, en plein milieu d’un parc zoologique, affiche avec style le particularisme de ce groupe originaire du Congo. Partez au cœur des rues de Kinshasa avec Touki Montréal.
Peut-on avoir une carrière musicale lorsqu’on est un sans abri paraplégique ? Staff Benda Bilili répond par le positif. La moitié du groupe se compose en effet de membres atteints de la polio. Ils ne se laissent cependant pas impressionner par ce défi et démontrent toute la beauté de la musique congolaise.
L’album débute sur une ambiance de rumba avec le titre Moto Moindo. Les premières notes sont teintées d’une pointe de mélancolie, mais elles laissent rapidement place à des rythmiques entraînantes, parsemées de solos du jeune prodige Roger Landu. La particularité de ce groupe réside aussi dans la présence de cet enfant de la rue, âgé de dix-huit ans à peine, adepte du satonge, luth à une corde qu’il a lui même construit à partir d’une boite de conserve.
Très très fort offre des atmosphères diversifiées, sans être pour autant contradictoires. Une dose de reggae (Sala mosala), un trait de soukous (Tonkara), en plus d’une touche de nostalgie (Polio) attestent des différentes influences du groupe, lequel explique ces disparités par leur amour pour leurs ancêtres congolais, mais également pour les artistes noirs américains tels que James Brown.
Staff benda bilili signifie « regarde au-delà des apparences » en Lingala, langage du nord-ouest de la République Démocratique du Congo. Un nom qui leur va à merveille. Très très fort apporte donc un brin de chaleur en cet automne qui débute, et dévoile tout le talent et éclectisme musical d’un groupe très très fort.
Nicolas Roux
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